Accueil du site > Le pouvoir aux travailleurs (format texte) - (...) > Numéros de l’année 2020 > Numéro 466 du 31 mai 2020
QUAND LES AUTORITÉS PARLENT D’INDISCIPLINE, C’EST POUR S’EN LAVER LES MAINS !
Ces derniers temps, avec la crise liée à l’épidémie de coronavirus, les autorités et autres leaders d’opinion reviennent régulièrement à la charge pour fustiger les populations qui ne respecteraient pas les mesures préconisées par le gouvernement. Mais de qui se moque-t-on ?
Le seul moyen pour respecter les mesures barrières, c’est de rester enfermé chez soi. Mais ce n’est pas évident quand on sait que dans les quartiers populeux d’Abidjan, on vit souvent à plus de 6 dans des 2 pièces de 8 m².
Quand le boulot ou d’autres nécessités nous obligent à mettre le nez dehors, nous sommes confrontés tout de suite à des dilemmes. Pour le déplacement, il n’y a guère d’autres choix que le woro-woro, le gbaka et le bus. Ici, les mesures du gouvernement ne servent à rien. Aux heures de pointe, les usagers continuent de s’agglutiner dans les terminus et devant les arrêts des bus et des gbaka comme à l’accoutumé. Les véhicules sont rarement désinfectés alors que des centaines de personnes y montent quotidiennement. Les autorités doivent le savoir, mais feignent de l’ignorer.
Dans les marchés, c’est encore plus ahurissant. On se marche dessus en faisant fi de toutes mesures barrières. Acheteurs comme vendeurs portent rarement des masques et pourtant, on s’interpelle, on marchande, on se bouscule, on discute. C’est vrai, une fois de temps en temps, les mairies ferment les marchés durant un ou deux jours soi-disant pour les désinfecter. L’efficacité de telles actions reste à prouver si ce n’est que pour se donner bonne conscience.
Il y a aussi l’histoire des masques obligatoires dans le district du grand Abidjan. Une autre mesure sans suite. Avant la prise d’une telle mesure, la raison aurait voulu que le gouvernement s’assure au moins de l’approvisionnement du marché en masques à défaut d’en distribuer gratuitement. Mais non ! C’est au moment où les prix des masques ont atteint des records (les prix sont multipliés par 8, 10, 12, voire même par 20 pour les plus réclamés) que le gouvernement a décidé de rendre leur port obligatoire. Les contrevenants peuvent être frappés jusqu’à 50.000 F d’amende et de peine de prison.
Par contre, la distribution gratuite par l’État se fait toujours attendre, plus de deux semaines après l’annonce. C’est tout comme la mise en œuvre de nouveaux sites de dépistage et de prise en charge des malades. Ils devaient être opérationnels en 10 jours, mais cela dure depuis plus de deux semaines et ils n’ont toujours pas été mis en service.
Jusque-là, les autorités ne servent que du vent aux populations, sans rien de concret qui les engage réellement. Il est temps que cela change avant qu’il ne soit trop tard. Et c’est tous ensembles, travailleurs, jobeurs, paysans que nous pouvons le leur imposer.