UATCI

L’OPÉRATION « TERE » : CE N’EST PAS POUR LUTTER CONTRE LE BANDITISME !

CÔTE D’IVOIRE

L’État-major des Frci vient de lancer l’opération « Téré » (soleil, en langue malinké). Elle consiste à mobiliser les Frci pour « occuper le terrain » dans quatre régions militaires : Agboville, Toumodi, Guéssabo et Ferké. Cette mobilisation se déroulera durant un mois. L’objectif affiché est « d’enrayer totalement les phénomènes de coupeurs de route et de grand banditisme et sécuriser les populations ».

Ce grand banditisme est en fait l’œuvre des Frci elles-mêmes ou précisément de ceux d’entre eux qui n’ont pas été intégrés dans l’armée officielle, qui n’ont donc pas obtenu de matricule et qui sont dans la nature, armés et sans ressource, vivant souvent de rapines. Certains d’entre eux continuent à être utilisés par les capitalistes et les riches pour surveiller leurs entreprises ou leur demeure, tels des chiens de garde. Souvent payés à quatre sous.

Selon l’Etat-major de l’armée, ces ex-combattants sont au nombre de 29 000. Mais dans ses discours, Ouattara parlait il n’y a pas encore longtemps de 100 000 ex-combattants.

Quelques-uns d’entre eux occupent toujours illégalement les cités universitaires de Williamsville, d’Abobo, de Port-Bouët 1, 2 et 3, du camp commando d’Abobo et probablement encore de celui de Yopougon. Tous ceux-là, mis ensemble, ne constituent finalement encore que quelques milliers. Tous les autres sont dans la nature et sévissent en dehors d’Abidjan. La presse fait régulièrement état de coupeurs de route et même d’attaques contre les barrages Frci. Tout dernièrement encore à Agboville et à Dabou.

Tous ces ex-combattants réclament ce qu’ils estiment être leur dû pour service rendu au pouvoir actuel. Ce dernier les a « toléré » depuis maintenant un peu plus de deux ans. Mais en même temps, il ne semble pas vouloir dégager les centaines de milliards de francs nécessaires pour y faire face. Du coup, l’équation est compliquée pour le pouvoir Ouattara. D’une part, ces ex-Frci facilement mobilisables peuvent lui être encore utiles en cas de débordement toujours possibles venant d’une partie de l’armée. Notamment d’ex-Fds, favorables au camp Gbagbo. De l’autre côté, ces forces non contrôlables peuvent aussi constituer un danger pour lui, pour peu qu’émerge en son sein un IB capable de les organiser et constituer ainsi une force devant laquelle l’armée actuelle ne pourrait pas y faire face.

Alors, il est bien difficile de connaître les objectifs réels de cette opération « Téré ». Mais, on peut être sûr au moins d’une chose : ce n’est certainement pas pour « sécuriser les populations pauvres », comme ils le prétendent. Bien au contraire. L’insécurité qui règne dans les quartiers pauvres d’Abobo, pour prendre cet exemple, où des bandes armées sévissent au vu et au su de tous, arrangent quelque part les riches et le gouvernement à son service dans la mesure où cette insécurité leur permet de déployer leurs armées pour pouvoir mieux réprimer les travailleurs et les populations pauvres en cas de révolte.

Or, cette révolte peut éclater à tout instant, devant l’aggravation de la misère dans laquelle tombe de plus en plus de familles de travailleurs. Et les riches payent cette armée non pas pour protéger les pauvres mais au contraire pour maintenir cette classe sociale dans l’oppression et protéger ainsi leurs intérêts en tant que classe dominante de la société capitaliste.


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