Éditorial

Les larbins du capitalisme se bousculent pour s’emparer de la mangeoire

11 mai 2025

L’approche de l’élection présidentielle prévue pour octobre prochain ne présage rien de bon. Les principaux opposants, Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et Soro Guillaume sont jusque-là exclus de la liste électorale et commencent à proférer des menaces. De surcroît, ils contestent unanimement à Alassane Ouattara le droit de se présenter à un quatrième mandat, même si celui-ci n’a pas encore dévoilé ses intentions. Cette guéguerre électorale pour la conquête du pouvoir est cependant lourde de danger car elle peut déboucher comme dans le passé sur des affrontements interethniques. Si par malheur cela se produit, les principales victimes seront une fois de plus, les populations pauvres. Ce danger est d’autant plus à craindre que les partis politiques en concurrence sont sans scrupule, ils jouent sur les sentiments d’appartenance ethnique ou sur la xénophobie pour mobiliser leurs électeurs.

Pour le moment, leurs discours nauséabonds sont plus ou moins voilés et hypocrites mais il faut s’attendre à tout avec ces crocodiles assoiffés de pouvoir, ils sont capables de marcher sur des cadavres pour parvenir à leurs fins. Ce qui les distingue les uns des autres c’est peut-être leur appartenance ethnique, leur « programme » est fondamentalement le même, ils se battent pour être le serviteur attitré de la bourgeoisie, c’est-à-dire de diriger l’appareil d’État pour maintenir les travailleurs et la population pauvre sous la coupe des exploiteurs et des profiteurs. Autrement dit, les travailleurs n’ont rien de bon à attendre de ces personnages pour améliorer leurs conditions d’existence comme ils ne pouvaient rien attendre de leurs prédécesseurs.

Servir les intérêts de la bourgeoisie dans le contexte économique actuel, aussi bien pour le pouvoir en place que pour celui qui le remplacera à l’issue des prochaines élections, cela consiste par exemple à permettre à une grande dynastie capitaliste telle que la famille Castel, une des plus grandes fortunes de France, d’exploiter à mort des travailleurs de l’entreprise Solibra par l’intermédiaire de sous-traitants, dans des conditions pires qu’au temps colonial ! Aujourd’hui les travailleuses et les travailleurs de cette entreprise triment trente jours sur trente, alternant jours et nuits, sans bénéficier d’un seul jour de repos ni de congés payés, pour un salaire de misère. Il y a dans les usines de la zone industrielle de Yopougon ou de PK23 des ouvrières qui ne touchent que 3000 Fr pour une journée de 10 heures de travail ou des ouvriers du bâtiment qui, pour le même salaire crèvent sous un soleil de plomb ! C’est dans ces conditions et avec le soutien de leurs larbins au pouvoir que les capitalistes bâtissent des fortunes et c’est ainsi que la bourgeoisie en Côte d’Ivoire participe à l’économie mondiale pendant que nos dirigeants s’enrichissent sur le dos de la population en se servant allégrement dans les caisses de l’État.

Voilà la sale besogne à laquelle aspirent tous ces politiciens qui se bousculent pour prendre possession de la mangeoire gouvernementale. Les travailleurs n’ont aucun intérêt à les suivre car ce serait comme si on tendait un bâton à son pire ennemi pour se faire frapper. L’intérêt des travailleurs serait au contraire de prendre conscience que par delà leur diversité ethnique, nationale ou religieuse, ils constituent une même classe sociale et ont les mêmes ennemis et les mêmes exploiteurs quelle que soit la couleur de peau ou la nationalité de ces derniers.