Sénégal : des habitants protestent contre le pillage des côtes et les usines polluantes
Les habitants de Joal-Fadiouth, village de pêche situé à une centaine de kilomètres de Dakar n’en peuvent plus de supporter les odeurs pestilentielles dégagées par une usine de fabrication de farine de poisson implantée en plein centre de leur village.
Écœurés par l’indifférence des autorités politiques, ils ont mis sur pied un collectif et invité, le 19 juin dernier, des journalistes pour alerter l’opinion publique sur les nuisances causées par cette usine dont les fumées provoquent des nausées et parfois des avortements. Les habitants veulent qu’elle soit transférée plus loin de leur village.
Ce cas est loin d’être unique. Depuis une dizaine d’années, des usines de farine ou d’huile de poisson ont été créées un peu partout le long des côtes avec l’encouragement de l’État sénégalais. Leurs productions sont essentiellement destinées à l’élevage intensif de poissons en Europe et en Asie. Elles appartiennent officiellement à des sénégalais mais ce ne sont que des prête-noms derrière lesquels se cachent des sociétés occidentales ou asiatiques qui échappent ainsi à certaines règlementations fiscales. Il en est de même pour nombre de gros chalutiers qui ramassent tout avec leurs gigantesques filets.
Assurément, les autorités sont impliquées dans ce pillage. Certains membres du gouvernement, de hauts cadres de l’administration, des douanes ou de l’armée, touchent des bakchichs en fermant les yeux ou en servant de prête-noms.
« Ces eaux sont en train de se transformer en désert liquide » déplore un représentant de la pêche artisanale. Devant la raréfaction des poissons, les petits pêcheurs sont contraints d’aller pêcher de plus en plus loin des côtes mais leurs petites embarcations ne sont pas faites pour la haute mer. Nombreux sont ceux qui y perdent la vie. D’autres abandonnent la pêche pour tenter leur chance dans l’émigration, mais là aussi les dangers sont nombreux.
Pendant ce temps, le gouvernement de Diomaye Faye, comme ses prédécesseurs, continue de fermer les yeux sur les pilleurs des océans, les pollueurs et les affameurs tout en réprimant ceux qui prennent les pirogues et partent vers l’Europe pour échapper à la misère.