Castel-Solibra : derrière les hauts murs, l’esclavage salarié !

11 mai 2025

L’usine Solibra appartient à l’une des plus grandes fortunes de France, la famille Castel. Cette brasserie commercialise notamment de nombreuses marques de bière, Flag, Bock, Castel, Beaufort, etc., en plus de produire de la sucrerie. Elle est présente dans de nombreux pays africains, du Burkina Faso jusqu’en Angola, et brasse surtout des milliards sur le dos des travailleurs.

La grande majorité des travailleurs de la Solibra à Abidjan sont exploités par l’intermédiaire de nombreux sous-traitants dont le principal est RMO.

On travaille trois jours de suite le matin, trois l’après-midi et trois la nuit, ce qui fait neuf jours non-stop. Le dernier jour de travail s’effectuant de nuit et finissant le matin, la reprise du nouveau service se fait aussitôt le lendemain matin. Ce qui veut bien dire que les travailleurs n’ont aucun jour de repos, ils travaillent trente jours sur trente.

Le salaire tourne autour de 5000 Fr pour les ouvriers sur chaîne et 6500 Fr par exemple pour un cariste quand il travaille de jour, contre 7500 Fr quand le service s’effectue de nuit. Le salaire étant insuffisant pour assurer le quotidien, les doubles vacations sont encouragées. Ainsi, des travailleurs se tuent à la tâche, certains effectuent seize heures d’affilée, plusieurs jours durant et sont ainsi réduits à l’état de bêtes de somme. Ils ne bénéficient d’aucune pause. Chacun se débrouille donc avec son voisin s’il veut s’absenter un moment pour aller aux toilettes ou se restaurer rapidement.

La paie chez RMO, par exemple, se fait chaque semaine par mobile-money. Il n’y a aucun bulletin de paie. Les contrats sont de six mois, le congé payé est un vocabulaire qui n’existe pas dans le langage de cet employeur !

Des travailleurs tentent de s’organiser, ce qui est par exemple le cas des caristes qui ont créé leur propre syndicat au sein de cette entreprise. Nombre d’entre eux ont plusieurs années d’ancienneté, leur principale revendication est leur embauche par la Solibra elle-même en espérant que cela permettra de résoudre tous les problèmes tels que : salaire, horaire de travail, congés, Cnps, assurance maladie, etc.

Ces ouvriers caristes, en s’organisant en corporation, refont en quelque sorte ce qui a déjà été expérimenté par le mouvement ouvrier dans les pays industrialisés il y a plus de 150 ans. Ces expériences ont montré les limites du corporatisme et les conséquences de la division entre travailleurs.

Il existe en Côte d’Ivoire plusieurs centrales syndicales dont l’UGTCI est la plus ancienne, mais les dirigeants de ces appareils, loin de défendre les intérêts des salariés, servent avant tout de courroie de transmission du gouvernement et du patronat auprès des travailleurs. Ce n’est pas un hasard si aucune lutte d’envergure n’a été menée par ces syndicats qui ont pignon sur rue depuis plusieurs dizaines d’années malgré la dégradation de la situation des travailleurs. Les dirigeants syndicaux et leur appareil syndical se sont de plus en plus intégrés dans l’appareil d’État, en contrepartie d’un financement. Quand ils interviennent dans une lutte, c’est pour aussitôt jouer le rôle de pompier et d’intermédiaire auprès de la bourgeoisie. Quand leur médiation est inopérante, ils cèdent la place aux corps habillés qui viennent réprimer les grévistes et cela se termine par leur renvoi.

Il est donc vital pour les intérêts de la classe ouvrière qu’il existe dans les grandes entreprises des militants communistes révolutionnaire pour faire prendre conscience à leurs camarades de travail de la nécessité de s’organiser ensemble, sans distinction de catégories, de statuts, de grades et autres inventions que les exploiteurs utilisent pour nous affaiblir. C’est dans les entreprises que les militants les plus conscients peuvent transmettre l’expérience riche du mouvement ouvrier et œuvrer pour bâtir un véritable parti communiste révolutionnaire prolétarien sans lequel la classe ouvrière ne peut mettre fin au capitalisme.