Éditorial

Dans ce monde de riches, les travailleurs et leurs familles sont les laissés-pour-compte

18 mars 2022

ÉDITORIAL

Les pauvres sont régulièrement chassés violemment de leur quartier pour permettre à quelques investisseurs et à leurs amis affairistes au pouvoir de faire du fric. C’est ce qui est arrivé aux habitants des quartiers Houphouët Boigny 1 et 2, non loin du terminus du bus 32 à Koumassi. Ce quartier a été détruit le 12 novembre, avec l’appui des forces de l’ordre, accompagnées de jeunes civils armés de machettes, faisant trois morts et plusieurs blessés.

Pour autant, les habitants continuent de résister. Nombre d’entre eux refusent de quitter leur lieu d’habitation. Ils dorment, encore aujourd’hui, sous des bâches au milieu des gravats. Le 11 janvier, des forces armées sont une nouvelle fois intervenues à 3 h du matin à coups de grenades lacrymogènes.

Selon le pasteur Amani N’Goran qui anime un Comité dans ce quartier, le maire de Koumassi veut céder cette parcelle à des investisseurs. Ce maire aurait même proposé un deal aux habitants qui l’ont rejeté. Qu’à cela ne tienne ! Il a fait parler la force !

Dans ce monde fait pour les riches, les pauvres n’ont pas leur place, sauf comme esclaves salariés, de préférence dociles ! La bourgeoisie a besoin de pauvres pour exploiter leur force de travail à moindre coût et en tirer le maximum de profit. Sur les chantiers et les zones industrielles, les salaires sont au rabais, la précarité est générale.

C’est en usant de la force que la classe riche impose sa loi aux travailleurs. Avec leurs petits revenus, ceux-ci ne peuvent pas mener une vie normale, encore moins avec les augmentations incessantes du coût de la vie et des loyers, alors que les salaires sont bloqués. Ainsi, les pauvres sont réduits à vivre dans des taudis, chassés vers la périphérie des villes. Nombreux sont les familles de travailleurs qui n’ont pas accès à l’eau courante. Même l’électricité y est quelque fois branchée de façon clandestine, avec tous les dangers que cela représente, faute de pouvoir faire autrement.

Une telle société ne peut perdurer. Tôt ou tard, les exploités et les opprimés se révolteront. Mais face à la dictature de la bourgeoisie qui impose ses lois économiques en s’appuyant sur la puissance de l’État et des institutions à son service, les travailleurs n’ont pas d’autres choix que d’utiliser leur force collective pour faire valoir leur droit à une existence plus digne.

La force des travailleurs vient d’abord de leur nombre et de leur place dans la production. Aucune richesse ne peut sortir de terre sans leur travail. De ce fait, ils ont la capacité de bloquer toute l’économie par la grève et défendre ainsi efficacement leurs intérêts face aux exploiteurs.

Ce qui manque aujourd’hui aux travailleurs, c’est une organisation de combat. C’est un parti communiste révolutionnaire et internationaliste des travailleurs. C’est par l’union de tous les travailleurs, de toutes nationalités, de toutes origines ethniques, de toutes corporations, au nom de la défense de leurs intérêts communs, que les travailleurs peuvent changer les choses en profondeur.

Il ne s’agira plus pour eux de se contenter de quatre sous d’augmentation, d’ailleurs aussi vite récupérés par la bourgeoisie, faisant ainsi perdurer la même misère. Il s’agira pour les travailleurs d’engager la lutte dans l’objectif d’exproprier la bourgeoisie, en leur arrachant des mains le pouvoir économique et politique.

C’est à la création de cette organisation que ceux qui ont conscience de cette nécessité doivent consacrer dès maintenant leur temps et leur intelligence, y compris les jeunes encore aujourd’hui à l’école.