Dream Cosmetics : derrière l’affiche de rêve, le cauchemar des travailleurs
Dream Cosmétics est une entreprise de cosmétique et de parfumerie située dans la zone industrielle de Yopougon. Elle emploie plusieurs milliers de travailleurs dont l’écrasante majorité sont des journaliers. Voici le témoignage de l’un d’entre eux :
«Nos contrats journaliers sont limités à 11 mois renouvelable une fois. Lors du recrutement des journaliers, il y a un test écrit et une visite médicale au frais du demandeur d’emploi. Pour espérer avoir une place, il faut la plupart du temps mouiller la barbe des agents recruteurs. Détenir un tel contrat n’assure pas de travailler tous les jours. Chaque jour, une fois devant la porte de l’usine, l’ouvrier doit attendre d’être sélectionné avant d’aller travailler. Les autres doivent retourner chez eux, la paye et les frais de transport pour la journée sont perdus.
Malgré la présence des vestiaires en interne au sein de l’usine, les journaliers sont obligés de porter leurs tenues de travail en dehors de l’usine sans quoi l’accès à l’usine leurs est refusé.
La pression de la direction est énorme, elle fait la pluie et le beau temps. Elle se permet de renvoyer des travailleurs à la maison simplement parce que les cheveux ou la barbe ont un peu trop poussé.
Les travailleurs journaliers sont obligés d’être présents 30 minutes avant l’heure de démarrage. Le matin, il faut être à l’usine à 5H20, or il n’y a pas de car de ramassage. Pour certains qui habitent Abobo, par exemple, il faut sortir de chez soi à 3 heures du matin avec tous les risques d’agression que cela comporte et surtout, il faut espérer trouver un transport en commun, ce qui n’est pas évident à ces heures matinales.
Dans les ateliers, nous travaillons dans une chaleur infernale. Le patron ne trouve pas nécessaire d’installer des aspirateurs et des systèmes de ventilation pour régler la situation. Pour ces gens-là, les travailleurs sont des esclaves justes bons à suer du profit».
Cet exemple n’est pas spécifique à cette entreprise. C’est une situation qui est générale dans la zone industrielle. C’est de cette manière que les capitalistes tirent leur profit du travail des ouvriers. Ceux-ci n’ont d’autre choix que de s’organiser, car la classe ouvrière n’obtient du patronat et du gouvernement que ce qu’elle est capable de leur imposer par la lutte collective.