Éditorial

Face à la nouvelle flambée des prix, les travailleurs doivent se mobiliser pour défendre leurs intérêts de classe

28 mars 2022

Editorial

Les populations des pays pauvres, notamment sur le continent africain, sont menacées par une nouvelle flambée des prix consécutive à la guerre entre la Russie de Poutine et l’Ukraine. Cette guerre a des conséquences sur l’approvisionnement de nombreux pays en blé, gaz et pétrole entre autres, mais c’est principalement la rapacité des spéculateurs qui en aggrave les conséquences et étrangle les populations les plus démunies. Sinon comment expliquer par exemple que dès le premier jour de la guerre, le sac de farine de 50 kg a augmenté subitement de 3 000 francs CFA, passant de 16 000 à 19 000 francs CFA au Gabon. C’est à peu près le même phénomène qui est observé dans de nombreux autres pays africains : Egypte, Soudan, Tunisie, Nigéria, Angola, Centrafrique, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Burkina Faso, Sénégal, Mauritanie, etc. La plupart de ces pays subissent déjà la hausse des prix consécutive à la pandémie de Covid, pandémie qui n’a fait qu’aggraver la crise économique qui frappait déjà les populations pauvres.

Les produits alimentaires de base comme le pain, le riz, les pâtes alimentaires, l’huile de cuisine, la viande, le poisson, l’oignon, la tomate et autres légumes sont de plus en plus chers. Les prix des bouteilles de gaz, du pétrole et du transport s’envolent et entrainent ceux des autres produits à la hausse.

Dans ces conditions, comment s’étonner que chaque flambée des prix, chaque crise alimentaire se traduise par des millions de personnes basculant dans la misère la plus révoltante.

L’Organisation des Nations Unies estime qu’il y a déjà 282 millions de personnes sous-alimentées en Afrique. Hélas, ce nombre ne fera que croitre durant les jours et les semaines à venir car la rapacité des capitalistes continue de plonger l’humanité vers le précipice.

Les dirigeants au pouvoir dans nos pays disent qu’ils n’ont aucune responsabilité dans la flambée des prix. Certes, ils ne sont pas responsables de la crise économique et de la spéculation sur le marché mondial des matières premières, ni de la pandémie de Covid, ni de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais ils sont responsables de la dilapidation des caisses de l’État et en même temps complices du pillage des richesses naturelles de leur pays par les grandes firmes capitalistes, complices de l’exploitation des travailleurs et de la petite paysannerie. C’est en échange des miettes que leur laissent leurs maîtres des grands pays impérialistes qu’ils maintiennent l’ordre capitaliste dans leurs pays en imposant la dictature sur l’ensemble des pauvres. Crise ou pas crise, eux ils continuent de mener un train de vie de nabab. Ils jouent un rôle dans l’appauvrissement de leurs populations.

Augmenter les salaires dans les services publics pour soulager la souffrance des petits employés de l’État dans les hôpitaux, les écoles ou dans l’administration est quelque chose qu’ils peuvent décider s’ils le voulaient réellement. De même que l’augmentation générale des salaires dans le secteur privé est une décision politique qu’ils peuvent prendre. Ils peuvent aussi décider que les importateurs des produits vivriers et les commerçants grossistes diminuent leurs marges bénéficiaires pour empêcher les prix de flamber. Mais nos dirigeants sont tellement liés au monde des capitalistes dont eux-mêmes font partie, qu’ils ne prendront jamais ce genre de décisions à l’encontre des intérêts de leur classe sociale, à moins d’y être contraints par la révolte populaire.

Pour que les travailleurs ne soient pas les éternels laissés-pour-compte de ce système économique où les profits de la minorité doivent passer avant la vie et la santé de la grande majorité, ils n’ont pas d’autre choix que de s’organiser pour renverser cet ordre social profondément injuste. Sur les ruines de celui-ci, ils bâtiront une nouvelle société plus démocratique où les intérêts de l’écrasante majorité primeront sur ceux de la minorité parasite et exploiteuse.