Les travailleurs n’ont rien à faire des frontières qui ont été créées pour les diviser !

10 février 2024

Il est de bon ton de se dire « panafricaniste » dans la petite bourgeoisie mondaine de nos pays africains. Même les dirigeants au pouvoir se réclament peu ou prou du panafricanisme tout en s’accrochant mordicus aux frontières héritées du colonialisme. L’OUA (Organisation de l’Unité Africaine) rebaptisée UA (Union Africaine) depuis 2002 et à laquelle adhèrent tous les États africains, prône cette même idée jusque dans sa charte de fondation, mais cela ne l’a jamais empêché de prôner en même temps le caractère « intangible » des frontières en Afrique.

Les dirigeants de l’UA tout comme nos dictateurs, ne sont pas à une contradiction près. Leur profession de foi sur « l’unité africaine » et en même temps « l’unité nationale » ne les empêche pas de faire de la surenchère à caractère ethnique et xénophobe lorsqu’il y va de leurs intérêts pour se maintenir au pouvoir. Leurs adversaires politiques de l’opposition en font autant.

Tous mettent des trémolos dans leur voix lorsqu’ils font des discours sur leur prétendu « amour de la patrie », mais ce qui est sûr c’est que leur amour du pouvoir et des privilèges qu’ils peuvent en tirer, est immense. Mais au-delà de leurs calculs de politiciens pour parvenir au trône ou pour s’y accrocher, ces discours cachent aussi un piège mortel pour duper les exploités, pour les opposer les uns contre les autres en fonction de leur nationalité.

« Diviser pour mieux régner», c’est la devise bien connue des exploiteurs et des oppresseurs, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Durant la période coloniale, le continent africain a été partagé comme un gâteau entre les différentes puissances impérialistes d’Europe. Les plus gros morceaux ont été accaparés par l’Angleterre et la France alors les puissances les plus avancées économiquement et militairement. Les premières frontières à l’intérieur du continent africain ont été tracées selon le rapport de forces entre les États colonisateurs.

Ensuite, lorsque les populations colonisées ont commencé à se révolter au point de menacer de renverser les empires coloniaux, les dirigeants des puissances coloniales ont changé leur fusil d’épaule en procédant à la décolonisation. Leur objectif était de sauvegarder l’essentiel, à savoir la continuation du pillage et de l’exploitation tout en laissant le pouvoir localement entre les mains des valets locaux et en leur accordant quelques miettes en échange de leur soumission.

Les vastes empires coloniaux ont commencé alors à être dépecés en petits États en fonctions des intérêts de la bourgeoisie coloniale. Les frontières se sont multipliées en autant de prisons pour les peuples africains. Le tracé des frontières était tellement absurde que du jour au lendemain des membres d’une même famille ont parfois été partagés entre deux ou trois nationalités différentes. Plus les populations étaient divisées en innombrables « nationalités », mieux l’ancienne puissance coloniale pouvait continuer à les dominer.

Plusieurs générations de dictateurs se sont succédé depuis les indépendances, leur look a peut-être changé mais leur fonction reste fondamentalement la même. Ils continuent d’être des laquais et des gardiens des intérêts généraux de la grande bourgeoisie impérialiste, à commencer par celle de leur ancienne puissance coloniale qui a gardé d’innombrables liens d’intérêts et de soumission avec eux.

La différence entre la situation d’hier et d’aujourd’hui est que le monopole colonial qui était de mise hier, a fait place à une concurrence plus rude entre les puissances capitalistes pour mettre la main sur les richesses naturelles. Le pillage se fait même de manière plus accélérée et plus dévastatrice. Pendant ce temps, l’écrasante majorité des populations africaines continue de crouler sous la pauvreté. Des millions de personnes sont broyées chaque année sur l’autel du profit et des guerres que se livrent ouvertement ou indirectement les bourgeoisies des puissances capitalistes.