Éditorial

Qui sont les véritables responsables de la cherté de la vie ?

27 juin 2017

ÉDITORIAL

 

La grande majorité de la population n’en peut plus de supporter la cherté de la vie. Satisfaire ses besoins les plus élémentaires, se nourrir, se soigner, se loger, devient chaque jour plus compliqué. Le gouvernement annonce pourtant régulièrement qu’il fait de la lutte contre la cherté de la vie sa priorité mais ce ne sont que des discours vides destinés à tromper les gens.

Ainsi, par exemple, le journal gouvernemental Fraternité-Matin du 1er juin écrivait que « l’amélioration du quotidien des ivoiriens était, encore une fois, à l’ordre du jour du Conseil des ministres qui s’est tenu, hier, au Palais présidentiel ». Sauf que la seule mesure concrètement chiffrée dans cet article concerne une décision prise par le gouvernement de « supprimer la taxe spéciale de 25 Fr par kilo sur la tomate concentrée ». C’est à croire que les travailleurs et les populations pauvres consomment de la tomate concentrée à la louche et à longueur de journée !

Il y est aussi mentionné que « le gouvernement a décidé de bloquer les prix et les marges sur le riz, l’huile, le sucre… conformément à l’ordonnance de … 2013 ». D’abord, le fait même que cette « ordonnance » date depuis 2013 sans que les travailleurs n’en ai senti l’impact, montre toute sa nullité !

Le négoce du riz, pour prendre cet exemple, a été de tout temps contrôlé par les hauts dirigeants au pouvoir. Ainsi, du temps de Houphouët Boigny, c’étaient, disait-on, ses proches qui en avaient le contrôle. Ensuite, Bédié les a écartés au profit de sa propre famille. Depuis, le pouvoir a changé plusieurs fois de main, on peut imaginer la valse des nouveaux arrivants autour de cette activité qui permet de s’enrichir en toute tranquillité !

Il en va de même pour l’huile, le sucre ou le savon. Les industriels qui les produisent ne déclarent jamais le vrai coût de production. Leurs comptabilités sont truquées. De plus, ils ont mille canaux pour entrer dans les bonnes grâces des gens au pouvoir afin de bénéficier de quelques exonérations de taxes pour augmenter encore plus leurs profits.

Ce sont tous ces gens-là qui s’enrichissent sur le dos des consommateurs mais le gouvernement les protège car ils font partie du même monde que ceux qui sont au pouvoir. Alors les gouvernants préfèrent laisser croire (par leur silence ou par leurs insinuations) aux populations que ce sont les petits boutiquiers qui sont responsables de la cherté des denrées.

C’est une politique criminelle car elle met gravement en danger les petits commerçants puisque ces derniers peuvent subir la colère des pauvres. Ce sont souvent des Mauritaniens, Maliens ou Nigériens qui tiennent les boutiques de détails dans les bas quartiers, là où les pauvres se ravitaillent. Ils ne font que répercuter les augmentations venant des grossistes ou des demi-grossistes auprès des quels ils s’approvisionnent.

Il ne peut y avoir vérité des prix sans le contrôle effectif des travailleurs eux-mêmes sur les mouvements d’argent et la comptabilité de ces entreprises.

De plus, prétendre lutter contre la cherté de la vie, sans même prendre des mesures pour indexer les salaires sur le coût réel de la vie est une arnaque. Pourquoi ce sont les travailleurs qui doivent subir les augmentations et pas les riches ? Se poser la question c’est déjà commencer à mettre le doigt sur ce qu’est réellement le système capitaliste, une société profondément injuste où ceux qui produisent les richesses, ceux qui font tourner les machines, qui les entretiennent, ceux qui construisent des logements, sont écrasés par une minorité d’exploiteurs et de parasites qui vivent sur leur dos. Cette lutte de classes entre riches et pauvres est permanente.

Quand les travailleurs se mettent en grève pour défendre leurs droits légitimes, l’État s’empresse le plus souvent d’envoyer ses forces armées pour les réprimer car il est au service des classes possédantes.

Les travailleurs ne peuvent par conséquence compter que sur leur force collective pour se défendre face à la rapacité des capitalistes et les injustices sociales. D’où la nécessité pour eux de se donner les moyens de construire leur organisation politique pour défendre leurs intérêts présents et futurs.