Conditions de travail déplorables dans la construction du troisième pont

21 février 2014

CÔTE D’IVOIRE

Pour la réalisation du troisième pont dénommé « Pont Henri Konan Bédié », Bouygues a sous-traité les travaux avec plusieurs autres entreprises dont Trévis. C’est à celle-ci qu’a été confiée la construction des piliers du pont et aussi la construction de l’échangeur sur le boulevard Giscard d’Estaing. Les ouvriers de cette entreprise qui a le plus gros des œuvres actuellement, travaillent dans des conditions difficiles. Voici ce que raconte l’un des travailleurs :

« J’ai quelques mois de présence sur le chantier. A voir ce chantier de l’extérieur et tout ce qui se raconte sur son sujet (comme étant le plus grand chantier de l’Afrique de l’ouest avec un budget qui a atteint maintenant les 200 milliards de Fcfa), cela ne peut qu’attirer tout ouvrier. Mais une fois dedans, la réalité est tout autre.

Pour la réalisation des piliers du pont, nous sommes près de 200 personnes sur les sites des deux rives. Bien que les travaux ont démarré il y a plus d’un an, c’est seulement une minorité parmi nous qui est déclarée à la CNPS. Et pourtant, chaque fin du mois, la direction fait des coupes dans notre paie. Dans le groupe des soudeurs où je travaille, nous sommes une dizaine de personnes scindées en deux équipes, une pour le jour et l’autre la nuit. Nous travaillons 24 heures sur 24 heures ce qui fait 12 heures de travail par équipe. Mais la direction ne pointe que 2 heures de supplémentaires et le reste en heures normales. Les travaux se font en deux temps, une partie dans les ateliers et l’autre sur la lagune. Maintenant que l’implantation des piliers se fait de plus en plus au milieu de la lagune, la direction nous a demandé d’embarquer avec nous, notre nourriture de la pause. Nous n’avons qu’une petite pause rien que pour casser la croute. En plus, la pression est grande sur nous car pour faire plus de profits les patrons nous disent qu’on est en retard dans le délai d’exécution du projet. Au cours des réunions tenues avec la direction, nous avons réclamé des augmentations de salaire ainsi que des primes de risque. Mais jusqu’à présent, elle fait la sourde oreille à nos revendications.

Pire, les pointages et l’arrêt des pointages sont faits par la comptabilité de Trévis, mais le traitement de salaire est confié à un cabinet tiers. Ainsi toutes les fautes de calcul sont mises sur le compte du cabinet et non de la comptabilité car nous ne pouvons pas vérifier ».

Cette situation est presque la même dans toutes les entreprises de sous-traitance. Les travailleurs grognent mais le fait d’être employés par différents patrons ne les aident pas à se regrouper pour une organisation efficace. Mais cette situation ne peut durer éternellement. Tôt ou tard le feu qui couve finira par s’enflammer.