Éditorial

Côte d’Ivoire : 15.000 francs d’augmentation, une aumône !

06 février 2023

ÉDITORIAL

Les bourgeois et leur gouvernement, dans leur grande largesse, ont fait passer le salaire minimum de 60.000 Fr à 75.000 Fr (114,42 Euros) à compter du mois de janvier 2023. Ce Smig de misère, même augmenté de 15.000 Fr (22,88 Euros) reste une misère au regard de la cherté de la vie. Cela n’a pas empêché Ouattara de le présenter comme une mesure permettant de lutter contre la vie chère. Cela illustre bien l’arrogance de la classe dominante envers les classes populaires, plus particulièrement envers les travailleurs. C’est en même temps le résultat du rapport de force actuel entre la bourgeoisie et le prolétariat. Les capitalistes ne paieront que ce que les travailleurs sont capables d’imposer par leurs luttes collectives !

Rappelons que les travailleurs de la zone industrielle de Yopougon qui étaient en grève en octobre 2022 revendiquaient un revenu mensuel minimum de 300.000 Fr et aussi la fin du travail de journalier sous toutes ses formes. Lors de cette grande grève, ils ont pu démontrer leur combativité et leur capacité d’organisation pour paralyser l’ensemble de cette zone industrielle. Ils ont réussi à faire peur aux capitalistes et au pouvoir qui a envoyé la police pour venir au secours des exploiteurs.

Cette mobilisation des travailleurs n’a pas réussi à faire plier les capitalistes. Il faudra continuer le combat en s’appuyant sur les expériences acquises lors de ce mouvement. La principale leçon à tirer de cette première grande mobilisation est que les travailleurs doivent diriger eux-mêmes leurs grèves, élire leurs représentants et leur demander des comptes en exigeant par exemple des assemblées générales permettant aux travailleurs, syndiqués ou pas, de s’exprimer librement sur la conduite de leur mouvement. La mise en place de comités de grève, comités d’usine ou de quartier permettra aussi aux travailleurs de mieux s’organiser et de contrôler leurs luttes à tous les niveaux. À défaut de cela, on a vu comment les dirigeants des syndicats, quand bien même ils étaient petits et partageaient le quotidien des travailleurs, les ont trahis dès la première occasion qui s’est présentée à eux.

Ce sont ces luttes à venir qu’il s’agit dès maintenant de discuter et de préparer.