Dans leur course pour le pouvoir, les politiciens en comptétition n’hésiteront pas à diviser les travailleurs
CÔTE D’IVOIRE
Nous assistons depuis quelques mois à des regroupements de partis politiques ou de personnalités autour de deux pôles : celui du RHDP de Ouattara et celui du PDCI de Bédié. Les bisbilles et les micmacs entre prédateurs ne font que commencer même si les noms des candidats ne sont pas encore officialisés à un an de l’élection présidentielle.
Deux récents rassemblements, l’un à Treichville et l’autre à Yamoussoukro, illustrent un peu la volonté feinte ou réelle de Bédié, qui aura 86 ans en 2020, d’en découdre avec son « ennemi intime » Ouattara.
Entre 6 000 et 7 000 personnes ont participé, le 14 septembre dernier au parc des sports de Treichville, à un meeting conjoint du PDCI et du FPI-tendance Gbagbo. Des militants de ces deux partis portaient des teeshirts sur lesquels on pouvait lire des slogans du genre « PDCI & FPI. Pour la Côte d’Ivoire, nous sommes tous ensemble… ». Le petit parti de Soro Guillaume était aussi représenté à la tribune.
La libération de Gbagbo et de Blé Goudé a été scandée par tous. Le crédo de la « réconciliation nationale » a aussi été largement entonné comme si « l’opposition » regroupée autour du PDCI voulait déposséder Ouattara de son slogan choc.
Le rassemblement suivant, le 19 octobre à Yamoussoukro, sur la grande place Jean Paul II, a été encore plus grand puisqu’il y aurait eu entre 30 000 et 50 000 participants selon les chiffres avancés par la presse. Bédié y a fait un discours dénonçant « la dictature rampante » de Ouattara et a réclamé « la libération de tous les prisonniers politiques, civils et militaires, le retour de tous les exilés civils et politiques y compris Laurent Gbagbo et Blé Goudé. ». Il a qualifié le RHDP de « nain hypophysaire » qui n’arriverait pas « à la ceinture du PDCI ». Les routes construites par Ouattara ont été qualifiées de « routes biodégradables ». Cela a fait rire la foule mais pas le porte-parole du Rhdp qui a qualifié le discours de Bédié de « pas sérieux » et « pas responsable » pour un ancien président. Il a annoncé que son parti va organiser prochainement un grand rassemblement en guise de riposte.
Pour le moment ce ne sont que des escarmouches verbales à fleurets mouchetés. Chacun mesure ses propos, y compris les seconds couteaux, des fois que les alliances se modifient en cours de route. Mais, plus la campagne va s’intensifier, plus on assistera à des discours musclés destinés à galvaniser les militants et les électeurs. Ces gens-là ont beau être du même monde, ils ne vont pas se faire des cadeaux. Ce qui les anime c’est l’ambition de parvenir au pouvoir ou de s’y accrocher. Et ce qu’ils cherchent à travers le pouvoir c’est la main mise sur les caisses de l’État, les privilèges de toutes sortent qu’ils peuvent en tirer pour eux et pour leurs proches, ce sont les possibilités de grappiller des bakchichs juteux dans l’attribution des contrats avec les grandes compagnies, etc. La bataille va donc être rude car ce sont des milliards qui sont en jeu. Et quand dans un petit marigot il y a plusieurs crocodiles, il faut s’attendre à des coups de dents !
Ces gens assoiffés d’argent et de pouvoir sont capables d’utiliser les pires démagogies pour parvenir à leurs fins. Ils l’ont fait dans le passé et ils peuvent récidiver.
S’ils parviennent à nous diviser, nous deviendrions encore plus affaiblis devant les capitalistes qui nous exploitent dans les usines, les chantiers, les ateliers ou les bureaux. Ils pourront nous imposer encore plus facilement les bas salaires, les cadences infernales et les mauvaises conditions de travail. Il en ira de même dans nos quartiers d’habitation. Nous avons besoin de la solidarité et de la cohésion entre tous les travailleurs pour vivre ensemble et pour améliorer nos conditions d’existence face aux autorités gouvernementales et municipales qui ne se préoccupent pas de notre santé et de notre sécurité.
C’est ensemble, quelle que soit leur nationalité, leur région ou leur ethnie que les travailleurs défendront mieux leurs intérêts face aux exploiteurs.