Éditorial

De grandes manifestations pour réclamer le départ du dictateur Faure Gnassingbé

25 septembre 2017

TOGO

 

Depuis le début de ce mois de septembre, des manifestations massives sans précédent ont lieu à la capitale Lomé. La plupart des autres grandes villes de ce pays sont également le théâtre d’importants rassemblements réclamant le départ du dictateur Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis avril 2005. Avant lui, c’est son père le général Eyadema, un vétéran de l’armée française de l’époque coloniale, qui s’était hissé à la tête du pays à la suite d’un coup d’État. Au total, le père puis le fils totalisent un demi-siècle de dictature au profit de leur clan et des multinationales.

Les travailleurs, les paysans pauvres et la jeunesse de ce petit pays de 7,6 millions d’habitants ont marre de cette situation et de leurs conditions de vie misérables. Face à la population pauvre exprimant sa détresse, des scènes barbares insoutenables à la conscience humaine, se déroulent chaque jour dans les quartiers populaires. Des hordes de policiers et de gendarmes avec de longs bâtons s’acharnent contre de pauvres personnes à mains nues, défoncent les portes des maisons, traînent par terre des femmes, des enfants et les rouent de coups de bottes et de bâtons.

Les leaders des partis qui se disent « d’opposition » n’ont pas de programme politique répondant aux aspirations des classes pauvres au rang desquelles il y a les nombreux travailleurs du port de Lomé, un secteur d’où partent les denrées d’exportation tels que le café, le cacao, le coton, les phosphates, produits dans le pays. De ce port en eau profonde viennent et partent également de nombreux camions chargés de conteneurs en direction des pays sans façade maritime, tels que le Mali et le Burkina-Faso. Cela montre que les travailleurs, même s’ils ne sont pas majoritaires à l’échelle du pays, ont une existence et jouent un rôle important dans l’économie.

Les dirigeants de ces partis ne dénoncent en rien l’exploitation et le pillage des richesses par les capitalistes. En même temps qu’ils demandent à la population de les soutenir, ils quémandent auprès de la «  communauté internationale » c’est-à-dire les grandes puissances capitalistes, « l’alternance politique », à savoir la mise à l’écart du dictateur et son remplacement par une personnalité issue des rangs de l’opposition. Pour l’instant, la France, dont les capitalistes sont présents dans le pays, ainsi que l’ONU, ont appelé cette opposition à « travailler » avec le gouvernement.

Jusqu’à quel point la partie de bras de fer entre les dirigeants au pouvoir et la rue derrière laquelle il y a des leaders de l’opposition tenus à l’écart de la mangeoire gouvernementale, se poursuivra-t-elle ? Se trouveront-ils un terrain d’entente pour gouverner ensemble en attendant les futures échéances électorales ? Ils en sont bien capables, car en fin de compte il n’y a pas grand-chose qui différencie les uns des autres.

Ce qui est sûr c’est que si les classes exploitées du Togo ne font pas valoir leur aspiration à un mieux-être à travers leurs revendications spécifiques à elles, toute leur énergie n’aura servi qu’à mettre en selle une nouvelle dictature à la place de l’ancienne dictature usée. Au Togo comme dans les autres pays d’Afrique, un parti prolétarien digne ce nom fait aujourd’hui cruellement défaut aux classes exploitées.