Déby commande des avions pour toucher des rétrocommissions

24 juillet 2014

Tchad

Décidément l’argent du pétrole qu’il vole lui tourne la tête. Le dictateur Deby vient d’acheter à la Russie des Mig-29 (leur nombre et le coût sont tenus secrets) pour son armée déjà suréquipée. Le prix d’achat des Mig, décidé après de laborieuses négociations entre les représentants des États, tournerait autour de 30 millions de dollars l’unité. Si Deby en a commandé une dizaine par exemple, cela ferait une sacrée somme d’argent de l’État gaspillée alors qu’elle pourrait servir à améliorer les conditions de vie des travailleurs de ce pays.

Récemment il a répondu aux ouvriers du site pétrolier de Moundou et Doba (sud du pays) en grève pour des augmentations de salaires qu’il n’y avait pas d’argent dans les caisses de l’État pour satisfaire leurs revendications. Sous le même prétexte, il a refusé de prendre en compte les revendications des travailleurs de la Fonction publique qui réclamaient, eux aussi, des augmentations de salaires. Alors où a-t-il trouvé l’argent pour payer cash ces avions de combat ?

Depuis son arrivée au pouvoir en 1994, grâce au soutien actif du gouvernement français, l’aide militaire de cette ancienne puissance coloniale lui suffisait pour massacrer les rebelles qui tentaient de renverser son pouvoir dictatorial. En 2008 par exemple, des rebelles étaient aux portes de Ndjaména. Mais grâce à l’intervention des hélicoptères de combat de la France, les assaillants avaient été vaincus.

Alors pourquoi a-t-il acheté des avions ? Peut-être qu’il veut un peu montrer son «indépendance» vis-à-vis de l’ex-puissance coloniale. Avec les Mig-29, il n’aura pas besoin de quémander l’aide des avions de combat des troupes françaises, aide qui peut être parfois refusée. Peut-être aussi qu’il veut se montrer comme un puissant acteur sous-régional sur le plan militaire, à cause de ses interventions au Mali et en Centrafrique. Mais l’achat des Mig lui permet surtout de toucher des rétrocommissions importantes sans trop attirer sur lui des regards indiscrets.

Nos dirigeants ont mille manières de détourner l’argent des caisses de l’État pour leurs intérêts personnels. Que les masses laborieuses croulent dans la misère, ce n’est pas leur problème.