Éditorial

Les travailleurs n’ont rien à attendre de bon du nouveau président

21 février 2014

MALI

 

Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) est sorti vainqueur du deuxième tour de l’élection présidentielle, face à Soumaïla Cissé, avec plus de 77% des voix mais avec un taux de participation inférieur à 46%, selon les chiffres officiels donnés par les autorités maliennes. Ce qui veut dire que plus d’un électeur sur deux n’a pas pris part au vote, soit parce qu’il n’a pas reçu sa carte électorale, soit parce qu’il n’a pas trouvé son bureau de vote, soit parce qu’il n’a pas été inscrit sur la liste des votants, etc. En grande partie, la cause principale c’est l’incapacité des autorités maliennes à assurer la tenue d’une élection dans des conditions satisfaisantes malgré l’aide logistique et financière apportée par l’Etat français et par l’ONU, entre autres.

Un certain nombre de travailleurs ont voté pour IBK en pensant que celui-ci va apporter un changement dans la situation malienne et permettre au pays de sortir de la crise. Ils ont tort et risquent d’être déçus assez rapidement car IBK n’a rien de l’« homme nouveau » qu’il prétend être. Il dit qu’il veut mettre fin à la corruption qui gangrène l’Etat malien de la tête aux pieds. Mais lui-même a passé une grande partie de sa carrière politique dans les plus hautes sphères de l’appareil d’Etat malien. Il a mangé à toutes les gamelles depuis la fin de la dictature de Moussa Traoré. Il a été ministre des Affaires étrangères d’Alpha Konaré avant de devenir son Premier ministre de 1994 à 2000. A ce qu’on sache la corruption n’a pas baissé d’un poil durant toutes ces années. De plus, le gouvernement qu’il dirigeait alors s’était distingué par la répression brutale contre le mouvement de contestation des étudiants à Bamako. De nombreux opposants furent envoyés en prison, notamment en 1997.

Sous la présidence d’Amadou Toumani Touré (ATT), il a été nommé président de l’Assemblée nationale. C’est un poste de sinécure qui lui a été cédé en guise de lot de consolation après sa défaite à l’élection présidentielle de 2002 face à ATT.

Depuis le renversement de Moussa Traoré, IBK a toujours été du côté du pouvoir en place et des possédants dont il fait partie. C’est un ami de l’impérialisme français et de tous les capitalistes qui exploitent les travailleurs et les petits paysans au Mali. Il se dit proche de François Hollande, l’actuel président français, et fait partie comme lui de l’ « Internationale socialiste » qui n’a de socialiste que l’étiquette mais qui, en réalité, n’est qu’un agglomérat de dirigeants impérialistes étiquetés à « gauche » et de quelques-uns de leurs valets d’Afrique et d’ailleurs. Rappelons que Laurent Gbagbo a fait aussi partie de ce même mouvement avant d’être lâché par ses pairs lorsque l’impérialisme français a jugé qu’il était temps de le déloger.

IBK ne cache pas non plus son « amitié » avec Allassane Ouattara, un autre ami des riches et des banquiers et ennemi de classe des travailleurs, qui lui a apporté son soutien dans la campagne électorale. Alors, les travailleurs maliens tout comme l’écrasante majorité de ceux qui souffrent de la pauvreté et du sous-développement dans ce pays, n’ont rien à attendre de lui. Les inégalités sociales criantes, les injustices, la corruption et la mainmise de l’armée sur la vie politique continueront tant que les travailleurs et les paysans pauvres du Mali n’y mettront pas fin eux-mêmes par leurs lutte.