Grève des cheminots de Dakar-Bamako

07 janvier 2022

SÉNÉGAL-MALI

Le 15 décembre dernier, les cheminots de la ligne Dakar-Niger ce sont mis en grève d’une durée de 24 heures pour cause des retards de payement des salaires, la dégradation des conditions de travail et le délabrement du matériel roulant. Cette grève a été a été précédée par des sit-in devant les sièges de la direction du chemin de fer à Dakar comme à Bamako. Un gréviste exprime sa colère ainsi : « Nous sommes à 4 mois sans salaire, nos enfants ne vont plus à l’école, nous avons des malades chez nous, nous sommes en retard de payement de nos loyers, de factures d’eau et d’électricité, nos familles souffrent ».

Outre ces retards de salaire il y aussi l’écœurement général des cheminots sur la gestion catastrophique du chemin de fer comme l’explique un autre gréviste : « Un train est stationné à Dio depuis 3 jours pour défaillance technique due à une pièce qu’ils louent à 200.000 FCFA … Une autre rame a fait plus de 4 jours à Kassaro, il y a une semaine pour le même problème».

Ce n’est pas la première fois que les cheminots expriment leur colère. En l’espace de six mois c’est la troisième grève (le 4 juillet, le 20 octobre puis le 15 décembre) pour les mêmes motifs auxquels s’ajoute le fait qu’il y a encore des retraités qui ne touchent pas leur pension.

À chaque fois, la direction s’empresse de promettre que tout ira mieux désormais mais aucune des promesses n’est vraiment tenue ; les retards de salaire sont provisoirement rattrapés, on fait quelques rafistolages sur le matériel roulant et puis quelques semaines après la reprise du travail ce sont les mêmes problèmes qui reviennent. Les deux États (Sénégal et Mali) sont les propriétaires de la ligne et ont confié sa gestion à des sociétés capitalistes dont le seul souci est de faire le maximum de profits en un minimum de temps. Par conséquence, ce sont les travailleurs et les passagers qui en payent le prix. Quoi d’étonnant alors que les cheminots ont de moins en moins confiance aux promesses des autorités politiques et des dirigeants du rail. Mais à force d’user des mêmes discours sans lendemain, ces gens-là finiront par récolter une grosse colère des travailleurs du rail mais aussi des usagers; et ils l’auront méritée.