Hôpitaux publics en piteux état : Macky Sall cherche des boucs émissaires

28 juin 2022

SÉNÉGAL

Le 26 mai dernier, suite à un incendie survenu à l’hôpital public de la ville Tivaouane, 11 bébés sont morts. Cela a provoqué une vague d’indignation dans tout le pays. Aussitôt, le président Macky Sall a décrété trois jours de deuil national et limogé son ministre de la Santé. Il a surtout cherché à détourner la colère des habitants sur le personnel hospitalier. Trois employés (une infirmière, une aide-infirmière et le DRH) ont été placés en garde à vue pour « mise en danger de la vie d’autrui ».

Cette accusation inventée hâtivement sans qu’aucune enquête sérieuse n’ait été menée, a déclenché la colère de l’ensemble du personnel de cet hôpital qui s’est mis en grève. Les trois employés ont été libérés provisoirement grâce à la solidarité de leurs collègues de travail.

La vérité dans cette affaire c’est que le gouvernement cherche des boucs émissaires alors que de nombreux témoignages font état de la vétusté de cet hôpital et des dangers qu’il fait courir aux patients et au personnel. Cet hôpital est loin d’être le seul dans cette situation. Un an plus tôt, en avril 2021, quatre nourrissons ont péri dans un incendie à l’hôpital de Linguère.

La plupart des hôpitaux publics sont dans un état lamentable. Les bâtiments sont vétustes, les labos mal équipés ; le peu de matériel qui existe est souvent en panne. Pour aggraver le tout, le personnel soignant n’est pas en nombre suffisant pour s’occuper correctement des patients. On frôle le drame presque quotidiennement et lorsqu’il survient, les autorités se dédouanent en mettant la responsabilité sur le personnel qui aurait mal fait son travail. C’est ce qui est arrivé l’hôpital de Louga en avril 2022 quant une femme a perdu son bébé suite à une trop longue attente à la maternité. Des milliers de personnes ont manifesté pour réclamer justice. Aussitôt, le gouvernement a mis la responsabilité sur le personnel soignant. Six sages-femmes ont été poursuivies en justice, quatre d’entre elles ont été placées sous mandat de dépôt. Le personnel hospitalier a réagi immédiatement par une grève et refuse d’être traité comme des boucs émissaires.

La responsabilité de ces drames incombe à l’État. C’est à cause de la politique du gouvernement que les hôpitaux publics sont dans cet état. La président Macky Sall a reconnu récemment que le système de santé du pays est « obsolescent ». Néanmoins il préfère mettre la responsabilité sur le dos du personnel hospitalier pour détourner la colère de la population.