Idriss Déby le quémandeur !

20 février 2017

Tchad

Depuis des mois, les grèves organisées par les syndicats se multiplient pour le paiement des salaires, pour leur augmentation face au renchérissement du coût de la vie. Les étudiants contestent dans la rue la suppression totale de leurs bourses en septembre dernier, et exigent le paiement des arriérés. Mais toutes ces revendications sont restées lettre morte, et c’est la répression qui s’abat sur les dirigeants qui sont arrêtés et jetés en prison ; cette répression s’abat aussi sur tous ceux qui osent critiquer ce régime dictatorial. Mais cela n’a pas empêché les contestations qui continuent jusqu’à aujourd’hui. Partout la colère gronde surtout parmi les travailleurs et les petites gens qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts.

Alors, pour renflouer les caisses, Deby est allé quémander des sous chez son voisin, le dictateur Paul Biya du Cameroun qui lui a prêté 30 milliards de francs CFA. À son retour à Ndjaména il a déclaré à la presse que cet argent servira à « boucler des fins de mois difficiles ». Ce geste a choqué plus d’un Tchadien ici dans l’immigration ; les uns disent que c’est une « honte » pour un pays pétrolier, les autres que c’est une « humiliation ».

On comprend leur indignation d’autant plus que l’argent, il y en a suffisamment pour payer les salaires de tous les fonctionnaires et agents de l’État, les bourses de tous les étudiants et de faire tourner normalement la machine administrative. Pour cela il faut le prendre dans les poches de ceux qui dilapident les caisses de l’État, les obliger à rendre gorge.

L’un des deux neveux de Deby, par exemple, placé à la tête de la cimenterie de Baoré dans le sud du pays, verse directement dans son compte personnel les 900 millions de Francs que l’entreprise qu’il dirige devrait verser mensuellement à l’État au titre de taxes et d’impôts divers. L’autre neveu, lui, fait main basse sur les 400 millions de recettes mensuelles que rapporte l’aéroport international de Ndjamena. L’exemple ne vient-il pas de leur oncle qui, pour célébrer sa victoire à la dernière élection présidentielle, a fait débloquer 14 milliards de francs CFA pour son investiture ? Quant au grand frère de Deby, il brasse des milliards ; c’est le financier du clan. Il y a aussi Hinda Deby, une des multiples femmes du président qui fait des affaires avec ses cars de transport et son restaurant de Doba, dans la zone pétrolifère.

Rien qu’avec ces sommes détournées directement ou indirectement par le clan au pouvoir, il y aurait déjà de quoi satisfaire un grand nombre de revendications des travailleurs et des étudiants.

Espérons qu’un jour la colère des travailleurs et des classes pauvres pourra balayer tous ces parasites qui vivent sur leur dos et que les travailleurs resteront organisés indépendamment des politiciens bourgeois qui tentent de profiter de leur lutte pour parvenir au pouvoir.