La misère s’aggrave et pousse de plus en plus de jeunes à quitter le pays

06 novembre 2020

SÉNÉGAL

Le 24 octobre dernier, une embarcation de fortune transportant environ 200 passagers a fait naufrage au large de la ville de Saint Louis, au Sénégal. Au moins 140 personnes sont mortes noyées selon l’OIM (Organisation internationale pour les migrations) qui a affirmé que c’est « le naufrage le plus meurtrier en 2020 ».

Cette embarcation avait quitté la ville de Mbour, située à 80 kilomètres de Dakar et transportait clandestinement des migrants vers les îles Canaries afin de rejoindre l’Europe. Mais un incendie s’est déclaré à bord de l’embarcation puis elle a chavirée.

Les autorités sénégalaises ont reconnu qu’il y a eu « au moins dix morts et une soixantaine de personnes secourues » mais les témoignages recueillis par l’OIM auprès des familles endeuillées ont montré que le gouvernement sénégalais a plutôt tendance à minimiser le nombre de morts sous prétexte qu’on n’a pas retrouvé les corps.

Ce drame, un de plus, a provoqué une forte émotion au sein de la population sénégalaise, notamment lorsque certains rescapés ont apporté leurs témoignages et expliqué les raisons qui les ont poussées à prendre le risque de la traversée de l’océan dans une embarcation aussi dangereuse. Ils ont expliqué que c’est la misère qui les pousse à partir car l’État sénégalais ne fait rien pour les aider et que même quand ils essaient de survivre en faisant du petit commerce le long des rues, ils sont harcelés et pourchassés par les autorités.

Au lieu de les aider en aménageant des sites appropriés pour qu’ils puissent faire du petit commerce, les autorités locales confisquent leurs marchandises. Dans ces conditions, dit l’un d’entre eux, il préfère risquer la mort en tentant la traversée de la mer plutôt que de continuer à souffrir en restant au pays.

Le président sénégalais Macky Sall a profité de ce moment d’émotion populaire pour verser quelques larmes de crocodile et promis de verser des aides aux familles endeuillées tout en désignant les « passeurs » comme responsables de cette forme d’émigration. Il prévoit de durcir les peines jusqu’à 15 ans d’emprisonnement pour les passeurs mais ce n’est pas cela qui va dissuader les gens de quitter le pays pour tenter de survivre en allant vers l’Europe ou ailleurs. Rien qu’entre le 7 et le 25 octobre, la marine sénégalaise, appuyée par la Guardia Civil espagnole, a intercepté cinq pirogues en partance pour l’Europe.

Si de plus en plus de personnes en détresse sont tentées de partir, c’est avant tout parce que la misère loin de diminuer, ne fait que s’aggraver dans le pays. Le chômage frappe de plus en plus de jeunes en âge de travailler. Même ceux qui ont la chance d’avoir un petit travail n’arrivent pas à faire vivre leurs familles car les salaires sont très bas et le peu qu’ils gagnent est grignoté par la hausse incessante du coût de la vie. Le prix des denrées, des loyers, du transport, de même les dépenses liées à la scolarisation des enfants ne cessent d’augmenter alors que les revenus des travailleurs, des petits paysans et des petits artisans ne suivent pas. C’est à ces problèmes-là qu’il faut apporter des réponses concrètes et non se contenter de donner des leçons de morale aux victimes de la misère afin de les dissuader de partir.

Les représentants du pouvoir disent qu’il n’y a pas assez d’argent dans les caisses de l’État pour créer suffisamment d’emplois pour les jeunes chômeurs mais il en a trouvé assez pour former un nouveau gouvernement avec un nombre pléthorique de 33 ministres et de 4 secrétaires d’État lors du remaniement du 1er novembre 2020. C’est une insulte de plus envers ceux qui croupissent dans la misère et qu’on abreuve de discours moralisateurs !

Le Sénégal est un pays pauvre qui, de surcroît, est frappé par la crise économique mondiale. Les richesses naturelles qu’il possède sont littéralement pillées par les grandes firmes capitalistes mondiales. C’est le cas par exemple de la pêche maritime, du pétrole ou du gaz naturel qui viennent d’être découverts au large des côtes, ou encore du phosphate. L’État sénégalais et la bourgeoisie locale prélèvent leur part de prébende dans ce pillage mais la majorité de la population n’en profite pas. C’est ainsi que fonctionne cette société capitaliste où une minorité de parasites amasse des fortunes au détriment du reste de l’humanité.