Le gestionnaire de l’eau n’est plus le même mais le calvaire des familles populaires demeure

04 juillet 2020

SÉNÉGAL

Depuis le 1er janvier 2020, la Sénégalaise des Eaux (SDE) est devenue Sen’Eau et appartient majoritairement au groupe français Suez. Le gouvernement sénégalais comme les dirigeants de la nouvelle entreprise avait dit que dorénavant l’approvisionnement en eau de la capitale et de sa banlieue allait nettement s’améliorer et que la population ne vivra plus le calvaire de la pénurie d’eau qui dure depuis des années.

En réalité, rien n’a changé dans les quartiers populaires. Les habitants qui payent pourtant des abonnements pour avoir un compteur d’eau chez eux restent parfois plusieurs jours sans eau. Voici ce que dit un habitant vivant dans une banlieue populaire de Dakar : « Avant, on avait de l’eau à partir de 20 heures. Maintenant, on doit attendre 1 ou 2 heures du matin. […] je mets un réveil en pleine nuit pour remplir quatre bidons de 10 litres. Cela me prend deux heures tellement la pression est basse ».

Tous les habitants des quartiers populaires vivent ce problème. Quand la colère gronde et qu’ils s’organisent pour protester vigoureusement dans la rue et devant les agences de la société qui a en charge la distribution de l’eau, l’eau revient comme par miracle et puis cela recommence.

En cette période de forte chaleur doublée du risque sanitaire lié à la propagation du corona virus, cela devient encore plus insupportable. Comment se laver fréquemment les mains et les habits alors que l’eau fait défaut ? Sans compter que depuis la crise sanitaire, de nombreuses familles ne pouvant plus payer les factures, ont été rayées de la liste des abonnés.

Pour la directrice de Sen’Eau, il n’y a pas de problème. «Aujourd’hui, toutes les productions fonctionnent comme elles n’ont jamais fonctionné, c’est-à-dire au maximum», dit-elle. Et quand on lui demande pourquoi il y a une pénurie d’eau, elle répond que c’est à cause des dernières intempéries ! En un mot son boulot consiste à encaisser l’argent des factures sans trop s’occuper de l’approvisionnement. Les prochaines colères de la population vont peut-être lui rappeler quelques vérités qui ne lui plairont pas !