Les éboueurs de Dakar ont fait entendre leur colère

13 février 2014

SÉNÉGAL

Le 11 décembre dernier, les 1500 éboueurs de la ville de Dakar ont répondu massivement à l’appel de leur syndicat, la SNTN (Syndicat national des travailleurs du nettoiement), pour une grève illimitée. Ils exigent que leurs salaires soient payés en temps et en heure à la fin de chaque mois. Certains doivent attendre trois ou quatre mois avant de les toucher. Il y a déjà eu trois grèves au cours de l’année passée pour les mêmes raisons. A chaque fois, les sociétés concessionnaires du service de nettoyage rejettent la responsabilité sur la municipalité tandis que celle-ci se décharge sur l’Etat. Ce n’est que lorsque les éboueurs arrêtent de ramasser les ordures que les autorités entendent leurs revendications et font semblant d’agir en versant régulièrement les salaires durant quelques mois. Et cela recommence.

Lorsque les éboueurs se sont mis massivement en grève le 11 décembre, en l’espace de quelques jours, la ville de Dakar était envahie par les ordures. Voici ce qu’en dit un journal local :

« Dakar est devenue du coup méconnaissable et présente un visage hideux. Des tonnes d’ordures sont déversées dans les artères et rues de la ville, martyrisant ainsi les narines des habitants. Au marché de Grand Yoff, la situation est ahurissante. Impossible de passer par là sans se boucher les narines. Les passants, tous sans exception, sont obligés de se protéger pour ne pas inhaler cette senteur pestilentielle, nocive pour la santé […] Les commerçants de Grand Yoff ont déversé tous les déchets de la veille sur la route, encombrant à moitié le passage des véhicules […] Le décor est le même au Rond-Point 6, au Rond-Point Arafat, de même qu’au niveau du terrain qui se trouve tout près du Rond-Point Jet d’eau de Grand Dakar […] Tout au long des avenues, sont exposées des poubelles remplies à ras bord d’immondices et de débris de toutes sortes, changeant radicalement la face de la ville, devenue crasseuse en l’espace de quelques heures de grève … »

Devant la colère des grévistes déterminés à poursuivre leur mouvement, le gouvernement, par la bouche de la Première ministre, a fini par débloquer les fonds destinés au payement des salaires. Et les grévistes ont repris le travail à partir du 15 décembre. Une semaine après la reprise des ramassages d’ordures, la capitale n’avait pas encore repris son allure ordinaire. Les beaux quartiers ont été plus vite nettoyés que les quartiers populaires.

Les éboueurs ont raison de se mettre en colère car il n’est pas normal que leur salaire ne soit pas versé à la fin de chaque mois. Ils touchent moins de cent mille francs Cfa. Déjà cette somme est loin d’être suffisante pour subvenir aux besoins de la famille. Mais si en plus de cela, il faut attendre plusieurs mois pour être payé, cela devient une catastrophe ! Ils n’ont ni gants, ni masques pour éviter de respirer les poussières nocives et quand ils sont malades, ils ne sont même pas soignés. Il y a vraiment de quoi être en colère!