Les États voisins du Mali ont surtout brillé par leur absence

04 mars 2014

Mali

Tout en réclamant à la France et à l’ONU une intervention militaire rapide au Mali, les dirigeants des Etats de la CEDEAO n’ont pas brillé par leur promptitude à lui voler au secours. C’est le moins qu’on puisse dire. Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire et président de la CEDEAO jusqu’à ces dernières semaines, est de ceux-là. Il fallait, disait-il, aider le Mali à recouvrer sa souveraineté bafouée par le MNLA et mettre fin à la terreur des islamistes car ceux-ci menaçaient de se répandre dans toute la sous-région. Les chefs d’Etat nigérien, sénégalais, togolais et béninois y sont allés aussi de leurs couplets en sortant des dictons de leur cru du genre : « Quand la maison de votre voisin brûle, il faut lui porter secours car c’est la votre qui risque de prendre feu ». Ils ont beaucoup parlé de « solidarité entre voisins », mais aucun d’entre eux ne s’est précipité pour venir « éteindre le feu » chez leur voisin. Une fois qu’il ont donné leur « accord de principe », la première chose qu’ils ont réclamé c’est de l’argent et des moyens de transports aériens pour y acheminer leurs troupes.

S’ils étaient vraiment sincères, ils n’auraient pas attendu qu' »on » leur donne les moyens d’acheminer leurs troupes. Par exemple, Niamey et Ouagadougou sont même plus proches des villes du Nord-Mali que Bamako. Pour l’armée sénégalaise, il lui suffit de traverser le fleuve Sénégal pour être au Mali. Quant à la Côte d’Ivoire, ses troupes basées à Korhogo sont situées juste à côté de la frontière malienne.

Un mois après le début de la guerre, en dehors de l’armée tchadienne (qui n’est pas le voisin direct du Mali et qui ne fait pas partie de la CEDEAO) à qui l’impérialisme français fait jouer le rôle du petit chien de garde à ses côtés, les autres ont surtout brillé par leur quasi inexistence sur le terrain.

Les dirigeants mauritaniens et algériens ont dit qu’ils préféraient négocier avec les forces islamistes plutôt que de leur livrer la guerre. Quant à Blaise Compaoré, du Burkina Faso, il a dit qu’étant « médiateur » entre le MNLA et les dirigeants de l’Etat malien il ne peut pas s’impliquer militairement en faveur d’un camp contre l’autre.

Ne pouvant compter sur son armée (plus apte à rançonner et à racketter les petites gens, sur ses officiers plus préoccupés par leur enrichissement personnel dans les trafics en tous genres, y compris de la cocaïne à grande échelle), ni sur celles de ses voisins membres de la CEDEAO, le gouvernement malien a dû se résoudre à faire appel à l’ancienne puissance coloniale. François Hollande a donné son accord mais ce qui l’intéresse ce n’est pas l’avenir de Dioncounda Traoré ni le sort de la population malienne. Il agit avant tout en tant que dirigeant d’une puissance capitaliste défendant les intérêts de sa bourgeoisie dans la région.