Les firmes de l’agroalimentaire devront rendre des comptes pour leurs méfaits
Selon le magazine « agro-media », les fournisseurs et fabricants de cacao : Nestlé, Cargill et Archer Daniels Midland (AMD) sont accusés par trois Maliens aidés par des ONG, d’avoir été complices de traite d’enfants. Entre l’année 2007 et l’année 2013, 300 000 à un million d’enfants auraient été enrôlés au Mali et au Burkina Faso par des réseaux de trafiquants sans scrupule, pour servir de main d’œuvre très bon marché voire gratuite, dans les champs de cacao situés en Côte d’Ivoire mais aussi au Ghana.
Ces faits ne sont pas nouveaux mais jusque-là la justice américaine refusait de recevoir ce genre de plainte en prétextant que les faits se sont déroulés hors des frontières des USA. Cette même plainte avait été rejetée en 2010 pour cette même raison. Ce n’est que depuis décembre 2013 qu’elle a été considérée comme recevable.
Les firmes incriminées nient les faits. Nestlé par exemple qualifie ces accusations, d’ « allégations ». Les plaignants devront prouver devant la justice américaine que ces groupes ont sciemment enfreint les lois internationales. Cela ne sera pas facile car ces trusts de l’agroalimentaire ont d’énormes moyens pour exercer des pressions sur les tribunaux et même sur les Etats qui du reste n’ont pas grand-chose à leur refuser. Certains dirigeants africains ou leur « première dame » font même du zèle. C’est ainsi que Dominique Ouattara, l’épouse du dirigeant ivoirien se déplace parfois vers tel ou tel village pour inaugurer une école dont la construction aurait été assurée grâce aux fonds mis à sa disposition par Nestlé.
Face à cette tentative de procès, les dirigeants de ce groupe ont récemment déclaré que d’ici 2017 ils ont l’ « intention » de construire 46 écoles dans les régions cacaoyères. Même si ces écoles voyaient le jour, ce qui est loin d’être le cas, ça ne réussira jamais à cacher ni à faire oublier aux travailleurs de toute cette région de l’Afrique, sur quelle base les propriétaires de ces entreprises ont bâti leurs fortunes. Cette déclaration sera comprise pour ce qu’elle est : un paravent méprisant destiné à occulter des pratiques inavouables.
Les dirigeants des grandes puissances font à longueur de temps des discours pompeux sur leur prétendue volonté de « faire respecter les droits de l’homme » surtout lorsqu’il s’agit de dirigeants de pays qui ne sont pas à leur solde. Ils n’hésitent pas parfois à envoyer leur bombardier pour faire respecter leur ordre aux quatre coins du monde. Mais quand il s’agit de leurs propres trusts qui bafouent les droits humains, qui exploitent directement ou indirectement des hommes, des femmes, voire des enfants dans des conditions digne de l’esclavage, là ils ferment les yeux, car il n’est pas question pour eux de mettre des bâtons dans les roues de leurs propres capitalistes.
Combien de femmes, d’hommes, de vieillards et d’enfants, auront été sacrifiés victimes d’accidents consécutifs aux conditions déplorables de labeurs, aux longues et harassantes journées à trimer, sans pouvoir se nourrir convenablement ni étancher sa soif avec une eau potable ? Même à l’heure actuelle des familles entières sont réduites à dormir dans des abris constitués par eux-mêmes de branchages sommaires à l’intérieur-même des aires de plantation. Combien sont victimes de piqures d’insectes tels que les moustiques vecteurs de paludisme quand ce n’est pas de serpents venimeux ?
Quels seront dans dix ou vingt ans les conséquences des pulvérisations de pesticides sur les plantes et autres produits dont on sait pertinemment qu’ils sont très dangereux pour la santé des travailleurs qui les manipulent sans protection et respirent les émanations toxiques responsables de cancers ?
Les porte-parole des victimes qui saisissent actuellement la justice, même si celle-ci est une justice de classes aux mains de la première puissance capitaliste du monde, ont cependant raison de porter plainte. Il faut que le tribunal puisse servir au moins de tribune pour dénoncer cette traite des temps modernes.
La classe ouvrière du monde entier fera payer aux capitalistes ces actes. Tôt ou tard les travailleurs réussiront par leur organisation et leur force collective à renverser ce système inhumain et à jeter les bases d’une nouvelle société débarrassée de toute forme d’exploitation à commencer par celle des enfants.
Les employés des hôpitaux et des centres de soins des villes du Nord du Mali (Tombouctou, Gao, Ménaka, Ansongo, Bourem) se sont mis en grève le 29 janvier. Ils réclament le versement d’une prime pour tous. Lorsque ces villes étaient occupées par des djihadistes, de nombreux employés avaient fui pour éviter de subir la violence de ces bandes de barbares fanatiques de la charia.
Lorsque, après l’intervention des troupes françaises, ces villes ont été remises sous l’autorité de l’Etat malien, celui-ci avait promis une prime de 250 000 Francs Cfa à chaque employé qui regagnerait sa place pour que les centres de soins puissent fonctionner. Ceux qui sont revenus ont effectivement touché cette prime. Mais qu’en est-il de tous ceux qui sont restés sur place durant la domination des islamistes? Ils n’ont pas eu droit à cette prime et estiment à juste titre qu’ils devraient eux aussi la percevoir.
Après une grève de 48 heures qui a été largement suivie, les grévistes ont repris le travail et attendent une réponse favorable des autorités. Sinon ils ont averti qu’ils reprendront le chemin de la lutte pour que la prime soit versée à tous, sans exception.