Tchad : les fonctionnaires mécontents reprennent la grève
Le 28 mai dernier, les syndicats ont de nouveau appelé à une grève illimitée dans la fonction publique pour exiger le paiement de leur salaire intégral, avec les primes et indemnités supprimées depuis le mois de janvier 2018
Selon un accord signé le 14 mars entre les deux parties, le gouvernement s’est engagé à verser le salaire du mois de février, à rembourser les salaires coupés et à payer les jours de grève ; mais il n’a pas tenu ses engagements. Il fait diversion en faisant quatre propositions aux grévistes dont des « compensations en nature ». Selon le porte-parole de la « Plateforme revendicative » qui regroupe plusieurs syndicats, les fonctionnaires et agents de l’État, réunis en assemblée générale le 30 mai à Ndjaména, ont rejeté « toutes les propositions qui ont été faites » par la Présidence. Ils ont estimé qu’aucune réponse n’avait été apportée à leur principale revendication : « le paiement intégral de leurs salaires ». Quant à la compensation en nature : « Nous avons travaillé pour des salaires, nous voulons de l’argent », a précisé le porte-parole.
Rappelons que le dictateur Idriss Deby, poussé par le FMI et la Banque mondiale, a décidé début janvier, de réduire chaque année la masse salariale de 30 milliards de francs CFA (principale condition pour bénéficier de nouvelles aides). Cette décision avait provoqué une levée de boucliers des syndicats, des partis politiques de l’opposition et de certaines associations. Plusieurs manifestations de protestations avaient eu lieu sur tout le territoire, en particulier à Ndjamena et à Moundou, la capitale économique et deuxième ville du pays.
Devant cette fronde des syndicats, devant les grèves à répétition et les manifestations de rue, le gouvernement avait fait marche arrière en annonçant le 10 janvier le retrait de la mesure de réduction des salaires des fonctionnaires et agents de l’État. C’était une petite victoire arrachée au gouvernement par la lutte.
Mais depuis cette date, les employés de la fonction publique ne perçoivent toujours pas leurs primes et indemnités. Or l’accord signé le 14 mars par les deux parties prévoyait, entre autres, le retour à un salaire «intégral» fin mai. On est en juin et ce retour à la normale n’a toujours pas eu lieu. C’est ce qui a poussé les centrales syndicales à appeler à reprendre la grève et à engager un nouveau bras de fer avec le dictateur Deby.
Espérons que cette fois les grévistes ne se contenteront pas de promesses vagues de Deby et ne reprendront pas le travail avant d’avoir vraiment remporté la victoire sur leurs revendications. En tout cas, ils ont déjà montré que lorsqu’ils sont mobilisés et qu’ils se mettent en grève, ils constituent une véritable force et qu’ils peuvent se faire craindre par le dictateur.