Lutte contre le Covid-19 : ceux qui en profitent et ceux qui trinquent

30 avril 2020

CÔTE D’IVOIRE

Devant la menace de la contagion par le Coronavirus, le Président Ouattara a déclaré que «tous les ivoiriens sont égaux en soin et en santé» et qu’il y a une « union nationale ». Et à son 1er Ministre Gon Coulibaly d’ajouter : «nous tenons le bon bout, avec des plans cohérents et une détermination à toute épreuve ». Ah, les belles paroles !

Il n’y a pas d’égalité en «soin et en santé» qui tienne ! Les pauvres meurent par dizaines de milliers tous les ans, à cause d’un simple paludisme et d’autres maladies bénignes alors qu’ils pourraient être sauvés à peu de frais ! De nombreux travailleurs sont obligés de continuer à se rendre au travail pour ne pas perdre leur salaire alors qu’ils sont malades à en crever ! Un gouvernement qui tolère cela est complice d’un système criminel !

Le pouvoir dans ce pays est entièrement au service de la classe capitaliste et cela ne date pas d’aujourd’hui. Derrière sa façade de «gouvernement au service de la nation», sa principale fonction consiste à permettre aux capitalistes de piller et d’exploiter les travailleurs et les petits paysans jusqu’à l’extrême limite physique. Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui sont trop occupés à engraisser les riches et à s’engraisser eux-mêmes pour avoir des états d’âme sur les conditions d’existence des travailleurs et de leurs familles. Les profits capitalistes passent avant tout ! Les beaux discours démagogiques des tenants du pouvoir servent à masquer cette réalité-là.

Du président aux ministres en passant par les députés et autres personnes du même monde des nantis, on les a vus défiler dans les quartiers, pour faire des dons de riz, d’huile ou autres à grands coups de publicité. Des dirigeants du groupe Bouygues et de sa filiale de construction SÉTAO, ont annoncé devant les caméras qu’ils offraient 600 000 malheureux masques. Ceux de Cie-Sodéci, Gandour, Sivop, Setaci ont aussi fait quelques dons symboliques pendant qu’ils surexploitent des travailleurs dont la plupart sont souvent des journaliers mal payés et corvéables à merci. Il y a de quoi être écœuré devant tant d’hypocrisies et de cynisme !

Pour faire face au Covid-19, l’État a dit qu’il mettra 1700 milliards sur la table, dont 530 milliards décaissés par le FMI. Un fonds de 250 milliards ira directement dans les caisses de grandes entreprises et de PME. Ce qui a fait évidemment dire au président du patronat : «nous sommes très heureux et fiers de l’attention que le gouvernement accorde au secteur privé en cette période de difficile crise sanitaire». Eh oui, même en «période difficile», il y a toujours à boire et à manger pour tous ceux-là !

Aujourd’hui par exemple, la construction de structures destinées à faire des centres de dépistage ou d’accueil de malades du Covid-19, est du pain béni pour les entreprises comme PFO, SÉTAO. Elles ont trouvé là une opportunité pour améliorer leurs profits au détriment des travailleurs qu’elles exploitent jours et nuits ! Il en va de même pour les Gandour et autres Sivop qui produisent du gel hydroalcoolique ou du savon liquide en surexploitant les travailleurs. Il y a aussi les entreprises de négoce, proches du pouvoir en place, qui fourniront les masques, les seaux, les lits et les tables pour équiper toutes ces structures. Elles s’en mettront toutes plein les coffres !

Mais qui remboursera ensuite tous ces milliards dilapidés au profit des capitalistes de grandes entreprises ? Eh bien se sera encore aux travailleurs que les gouvernements qui se succèderont au pouvoir adresseront demain la note.

Déjà, à Darling, une entreprise de fabrication de mèches de cheveux, certains travailleurs se sont retrouvés au chômage durant une vingtaine de jours sans aucune indemnité parce que les tresses de cheveux ne se vendent plus. D’autres sont toujours au chômage. Alors, où est donc passé cette fameuse «solidarité nationale» ? Demain, ce sont d’autres travailleurs qui risquent d’être jetés dehors comme des malpropres, sans aucune indemnité quand les capitalistes estimeront que leurs affaires ne marchent plus à cause ou pas du Covid-19.

Aux travailleurs d’être sur leur garde ! Ce n’est pas à eux de faire les frais, quelles que soient les raisons avancées ! C’est aux capitalistes de payer la note avec les bénéfices qu’ils ont accumulés durant les années antérieures ! Mais une telle mesure, les travailleurs ne peuvent pas l’attendre du gouvernement car il est là pour servir la soupe aux riches!