Non à la répression des manifestations de rue de l’opposition !

27 février 2015

SÉNÉGAL

Depuis l’arrestation de Karim Wade (fils de l’ancien président Abdoulaye Wade) en avril 2013 pour enrichissement illicite et détournement de fonds publics, on assiste à un bras de fer de plus en plus musclé entre le PDS, le parti de l’ancien président, et le pouvoir actuel de Macky Sall. Plusieurs manifestations et rassemblements du PDS ont été interdites à Dakar pour des motifs fallacieux. Et quand elles ont lieu malgré l’interdiction, elles sont réprimées. Il y a eu plusieurs affrontements avec la police et de nombreux militants ont été matraqués, interpellés ou ont subi des jets de gaz lacrymogène.

Tout dernièrement, le PDS ainsi que d’autres partis de l’opposition au gouvernement de Macky Sall ont appelé à une marche le 28 janvier à Dakar pour protester contre l’incarcération de Karim Wade. Mais le gouvernement a interdit cette marche en prétextant qu’elle constitue un trouble à l’ordre public. Trois jours après, le PDS a lancé un nouvel appel de rassemblement à la Place de l’Obélisque. Il y a eu des affrontements avec la police. Des militants du PDS ont été arrêtés. L’ancien président Wade, venu soutenir son fils, a dû forcer le barrage de la police pour parvenir jusqu’à la Place, sous un nuage de fumée de lacrymogène.

Si Macky Sall n’autorise pas le PDS de manifester dans la rue, ce n’est pas qu’il le craint particulièrement. Il connaît bien ce parti et ses dirigeants car lui-même en faisait partie avant de s’en séparer et de créer le sien propre pour parvenir au pouvoir. Il connaît bien Abdoulaye Wade dont il a été le Premier ministre (d’avril 2004 à juin 2007). Ce qu’il craint, c’est surtout l’occupation éventuelle de la rue par la foule car la colère de la population contre les bas salaires, la cherté de la vie, les coupures intempestives de l’électricité et de l’eau du robinet, auxquels s’ajoute le délabrement des services publics utiles à la population, peut à tout moment se transformer en manifestations de rue. Et si cela se produisait, les conséquences sur le pouvoir de Macky Sall serait bien plus désastreuses que le bras de fer entre lui et Wade.