Relogement provisoire pour les résidents du foyer Bara

10 octobre 2018

Montreuil

Le 26 septembre dernier, le maire communiste de Montreuil a réquisitionné un immeuble appartenant à l’État (l’Agence pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) inoccupé depuis trois ans, pour y installer provisoirement les résidents de foyer Bara qui devrait être reconstruit à cause de son état d’insalubrité.

150 travailleurs se sont portés volontaires dans un premier temps ; environ 70 autres les ont rejoints. Ce qui fait 220 relogés sur un total de 400, maliens pour la plupart.

À propos de ce foyer, le maire a notamment déclaré à la presse : « C’est indigne, sale, avec des rats, et même dangereux. Il y a urgence à évacuer ! L’État se comporte en marchand de sommeil. »

Auparavant les services de la ville ont installé des blocs sanitaires, des toilettes et une cuisine pour accueillir ces travailleurs. Prévu à l’origine pour 150 personnes, le foyer Bara, géré par Coallia (ex-Aftam) en héberge 400 ? et certainement plus si l’on compte les résidents non officiels – dans des conditions de vie et d’hygiène plus que déplorables.

Rappelons que dans les années 60-70, les premiers foyers des travailleurs immigrés furent construits par l’État pour répondre à la demande pressante de la bourgeoisie française en matière de main d’œuvre. Les grandes entreprises et branches professionnelles (Renault, Peugeot, métallurgie, bâtiment et travaux publics,…) étaient les premières consommatrices de main d’œuvre immigrée. L’État au service des bourgeois et des riches avait même envoyé des recruteurs en Afrique pour y chercher de la main d’œuvre. Ces travailleurs immigrés étaient dans un premiers temps condamnés à vivre dans des taudis et des usines désaffectées, sans que l’État prenne en charge leur logement. Il a fallu de longues années de luttes collectives des travailleurs immigrés pour obtenir les premiers foyers construits en dur.

Le foyer Bara, a vu le jour en 1960. C’était une ancienne usine de pianos désaffectée transformée en logement social. Aujourd’hui vétuste et surpeuplé, il est à démolir pour être ensuite reconstruit. Mais le projet tarde, et le foyer devient de plus en plus invivable, d’où la décision de réquisition du maire de Montreuil de reloger provisoirement les résidents en attendant cette reconstruction.

C’est une opportunité que les résidents du foyer Bara pourraient saisir pour s’organiser et lutter afin que certains d’entre eux ne se retrouvent pas dans la rue avec la démolition et la reconstruction du foyer. Quelques uns craignent, à juste titre, de quitter le foyer sans une garantie.

La lutte des travailleurs de l’ex foyer 49 (Rue Léon Gaumont), dont une partie est actuellement logée à la résidence du Nouveau Centenaire, tout droit sortie de terre au 45 avenue Pasteur à Montreuil, est un exemple à suivre. C’est par leur lutte, une lutte de longue haleine qu’ils ont obtenu la construction de cette résidence gérée en grande partie par eux-mêmes. Ils y vivent dans des conditions de vie décentes.

Des délégués du Nouveau Centenaire se disent prêts à aider leurs camarades de la rue Bara en mettant leurs expériences et leur savoir faire à leur service s’ils sont déterminés à mener une lutte collective pour un relogement final dans des conditions acceptables pour tous les résidents.