Sénégal – Le retour raté de Wade à Dakar
Depuis sa défaite électorale de 2012, l’ancien président Abdoulaye Wade coulait des jours paisibles dans sa maison luxueuse de Versailles, en banlieue parisienne. Deux ans après, il voulait faire un retour en fanfare à Dakar, à bord d’un avion privé spécialement affrété pour ce voyage. Il avait prévu de faire un grand meeting à la Place de l’obélisque, dans la capitale sénégalaise, après une réception grandiose à l’aéroport.
Hélas pour lui et ses partisans, Macky Sall a fait interdire par son préfet tout rassemblement politique à Dakar. De plus, les autorités sénégalaises ont tout fait pour que l’avion transportant Wade ne puisse pas atterrir le jour prévu. Il devait atterrir le mercredi 23 avril dans la matinée mais c’est seulement dans la nuit du 25 avril qu’il y est parvenu au grand dam de ses partisans qui ont fait le pied de grue des heures durant. La colère était visible sur leurs visages. Quant à Wade, il a tout simplement raté son retour et a été obligé d’accepter les conditions de son successeur au palais présidentiel.
Il est revenu au Sénégal pour défendre son fils Karim qui est en prison depuis un an pour « enrichissement illicite » et « détournements de fonds publics ». Grâce à son père il a été nommé au sommet de l’État et a été aux commandes de plusieurs ministères parmi les plus lucratifs. Il a été tellement omniprésent dans les postes clés que les sénégalais l’ont surnommé « le ministre du ciel et de la terre ». Il a été promu pour devenir le remplaçant de Wade à la présidence et s’est enrichi de manière fulgurante. Il aurait caché plusieurs centaines de millions d’euros dans des comptes « offshore » de paradis fiscaux. Son procès est prévu pour le mois de juin prochain.
L’autre ambition d’Abdoulaye Wade est de mettre fin à la guerre des chefs que se livrent les dirigeants du PDS, parti qu’il a créé et qui lui a permis de gagner l’élection présidentielle de 2000 en battant Abdou Diouf, le président sortant.
C’est sûr qu’à son âge, 87 ans, A. Wade n’a plus l’ambition d’être de nouveau candidat pour redevenir président du Sénégal, mais il veut imposer son « poulain » à la tête du PDS. Il aurait voulu que ce soit son fils mais pour le moment celui-ci a des soucis avec la justice. Encore faut-il que les autres dirigeants du PDS, qui ont eux aussi leur ambition personnelle, se laissent convaincre par celui qui leur préfère son propre fils.
Visiblement, Wade ne fait pas l’unanimité dans son propre camp politique. Certains ont déjà tourné le dos au PDS en allant rejoindre le camps de Macky Sall parce que la soupe y est servie.