Un gouvernement sourd devant la colère des enseignants et élèves

24 mars 2015

SÉNÉGAL

A Dakar ainsi que dans de nombreuses villes du pays, les enseignants de l’école publique ont entamé une grève pour faire entendre leurs revendications. Cela fait plusieurs années qu’ils demandent une revalorisation de leurs salaires, l’amélioration de leurs conditions de travail et de logement, le payement régulier de leurs indemnités de corrections des copies d’examens, etc. Mais à chaque fois, leurs ministres de tutelles, sous la présidence d’ Abdoulaye Wade comme sous celle de Macky Sall, se sont contentés de faire de vagues promesses. Tables rondes après tables rondes, les promesses de régularisations ainsi que les « protocoles d’accords » signés entre les syndicats d’enseignants et les autorités ministérielles sont restées sans lendemain.

Non seulement les salaires n’ont pas bougé mais en plus, un grand nombre d’enseignants ne les touche pas régulièrement. Certain ont un arriéré de deux mois. Comment dans ces conditions-là peut-on payer les loyers, l’eau, l’électricité, le transport et assurer le quotidien de sa famille ? C’est l’accumulation de tout cela qui a fait que la grève a été largement suivie dans l’ensemble des écoles publiques du pays.

Face à la mobilisation des enseignants, le ministre de l’Education nationale n’a même pas daigné recevoir les représentants des grévistes. Il a misé sur le pourrissement du mouvement de grève en essayant d’opposer les enseignants aux élèves et aux parents d’élèves. Mais cette manœuvre n’a pas marché. Il est vrai qu’à l’approche de la période des examens, les parents et les élèves sont inquiets car ils risquent de payer les frais d’une année perdue. Mais contrairement à ce que le gouvernement escomptait, ceux-ci se sont solidarisés avec les enseignants grévistes. Ils ont compris qu’en ne respectant pas les revendications des enseignants, le gouvernement bafoue les espoirs des parents et l’avenir des élèves. De nombreux étudiants et élèves ont manifesté dans les rues pour crier leur colère contre le gouvernement.

A partir du 11 mars, c’est l’ensemble des écoles, lycées, collèges et universités qui a été paralysé par la grève générale. Le gouvernement finira-t-il par céder à quelques-unes des revendications des enseignants? Cela dépendra du rapport de forces. Mais ce que le pouvoir craint le plus, c’est que ce mouvement de grève trouve un écho favorable auprès des travailleurs du secteur public et du privé car tous vivent les mêmes difficultés liées aux bas salaires, aux mauvaises conditions de travail et de logement auxquelles s’ajoutent les coupures fréquentes d’eau et d’électricité qui empoisonnent la vie quotidienne dans les quartiers populaires depuis plusieurs années. Mais à force de mépriser les aspirations du monde du travail à une vie décente, le gouvernement finira peut-être par récolter la tempête qu’il mérite.