Un nouveau galonné à la tête de l’État
NIGÉRIA
Au cours de l’élection présidentielle du 31 mars au Nigeria, le général Muhammadu Buhari a été déclaré vainqueur. Goodluck Jonathan a admis assez vite sa défaite sans contestation.
Après l’élection du Président, ce fut celles des gouverneurs dans chacun des États qui constituent l’État fédéral du Nigéria. C’est le parti de Buhari, le Congrès progressiste (APC) qui a remporté 19 sièges de gouverneurs sur 29. Mis à part l’État pétrolier d’East River (dans le sud du pays) où il y a eu des morts lors de l’élection du gouverneur, ces élections n’ont pas engendré autant de violence que le craignaient les « observateurs », ce qui est vraiment rare dans la plupart des pays d’Afrique. Il faut croire que les politiciens en concurrence pour des postes bien juteux ont préféré se plier aux résultats officiels même s’ils sont entachés de fraudes. Ils sont bien placés pour savoir que si une crise se déclenche, ils ne sont pas toujours gagnants. Il est plus facile et plus profitable en effet de rester parmi les privilégiés du système capitaliste que risquer de tout perdre. Ils peuvent toujours se représenter à une autre occasion.
Les dirigeants occidentaux, comme Hollande en France et Barak Obama aux États-Unis ont félicité ceux du Nigeria du bon déroulement des élections. Les grandes puissances n’ont rien à craindre, pour l’avenir de leur influence et de leurs intérêts dans ce « géant de l’Afrique », riche en pétrole.
Le général Buhari n’est pas un homme nouveau dans la vie politique du Nigéria. En 1966 il a participé à un coup d’État militaire avec le lieutenant-colonel Murtala. En mars 1976 il fut nommé ministre du pétrole et des ressources naturelles. Dans cette fonction il a détourné 2,8 millions de dollars, sans être sanctionné. Ensuite il a été candidat malheureux à la présidentielle d’avril 2003. Il s’est fait oublier pendant un certain temps. Et maintenant il réapparait comme un homme nouveau. Il promet l’élimination des djihadistes de Boko Haram dans le nord du pays, sa région natale. Il prétend aussi de lutter contre la corruption dans ce pays. Vu son passé de voleur, vu aussi la corruption généralisée qui règne dans les hautes sphères de l’appareil d’État, ce genre de promesse ne convaincra pas grand monde.
Dans tous les cas, les travailleurs et les paysans pauvres subiront la dictature et les conséquences sociales désastreuses du système capitaliste. Leur salut ne peut surgir que de leur volonté de créer leur propre organisation pour faire valoir leurs propres intérêts.