Une dictature moyenâgeuse amie des grandes puissances
Arabie saoudite
Pendant quelques jours, la presse a fait état de la situation d’oppression que vivent les femmes ainsi que le mépris et la répression que subissent les immigrés dans ce pays dirigé par une monarchie obscurantiste. Pour ne pas froisser la susceptibilité des dirigeants de ce régime, les dirigeants des grandes puissances qui sont coutumiers de l’évocation des «droits de l’homme» lorsqu’il s’agit de régimes qui ne leur sont pas soumis, restent complaisamment muets sur ce sujet dès lors qu’il s’agit d’un de leurs amis.
De nombreux étrangers sont arrêtés dans ce pays dans le cadre d’une vaste opération de répression contre l’immigration clandestine. Le pays compte plus de 8 millions d’étrangers dont 2 millions considérés en situation irrégulière. Les immigrés même avec les papiers en règle constituent une fraction très importante de la classe ouvrière de ce pays. Ils sont dépourvus de droits tout en constituant une conséquente source de revenus pour les classes possédantes.
Des kafils (garants, parrains), souvent des hommes d’affaires qui font venir des étrangers placés sous leur houlette, ont pu bâtir des fortunes sur le dos de ces derniers. Lorsque ces étrangers sont des commerçants, ces parrains se contentent de prélever une certaine somme sur le chiffre d’affaire. Lorsqu’il s’agit de travailleurs, ce système de parrainage s’apparente presque à l’esclavage. Les travailleurs privés de droit sont à la merci du kafil en étant soit exploités dans son entreprise soit cédés à d’autres exploiteurs après prélèvement de prébendes au passage. Ainsi des travailleurs passent d’une main à l’autre comme des banals objets.
Il parait que l’autorité royale veut supprimer le droit des kafils à louer la main-d’œuvre à des tiers, or pour le moment ce ne sont pas ces gens-là qui sont arrêtés mais des immigrés dont une majorité est composée de travailleurs sans papiers. Un ultimatum royal de trois mois a été renouvelé une fois et a expiré, intimant à un million de personnes de quitter le territoire au plus tard le 3 novembre.
Aussitôt la date butoir arrivée, des patrouilles de police se sont livrées à la chasse à l’homme dans toutes les villes du pays. Elles procèdent à des arrestations massives des sans-papier, à leur incarcération et ceux-ci risquent une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement et/ou une amende pouvant atteindre 27.000 dollars.
Pour la troisième fois depuis 1990, des Saoudiennes ont bravé l’interdiction qui leur est faite de conduire un véhicule. C’est un acte courageux car lors de leurs précédentes tentatives la répression ne les avait pas épargnées.
L’Arabie Saoudite est le seul pays au monde où les femmes n’ont pas le droit de conduire. Les femmes y sont considérées comme des personnes de seconde zone : elles n’ont pas le droit de voyager ni de se faire opérer sans l’aval de leur père ou de leur mari, elles n’ont pas le droit d’exercer un métier de leur choix et sont tenues de respecter de nombreux interdits. Elles ne pourront voter pour la première fois qu’aux municipales de 2015.
Suite à leur campagne de protestation consistant à faire signer des pétitions, à prendre le volant le 26 octobre le jour de leur manifestation ou à mettre sur internet des vidéos les montrant en train de conduire un véhicule, au moins seize Saoudiennes ont été interpelées par la police. Elles ont dû s’acquitter d’une amende et s’engager par écrit avec leur tuteur (père, frère ou mari), à respecter la réglementation en vigueur dans le royaume.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a déclaré à ce sujet qu’ « il appartient à l’Arabie saoudite de décider elle-même de ses propres structures sociales et autres choix ». Cela prouve que les grandes puissances capitalistes, même lorsqu’elles se targuent d’être des « démocraties modernes », ne sont nullement gênées de faire bon ménage avec une dictature moyenâgeuse qui maintient la moitié de sa population dans l’obscurantisme et l’arriération. La seule chose qui compte pour eux, c’est que leurs capitalistes puissent continuer à faire des affaires juteuses avec ces « partenaires économiques » et que le pétrole coule à flot.
Les organisatrices de la lutte pour les droits des femmes n’ont pas dit leur dernier mot. Elles ont le soutien de certains comédiens saoudiens qui font circuler sur internet une vidéo ridiculisant l’interdiction faite aux femmes de conduire.