Une fois de plus l’armée française vole au secours du dictateur Déby

10 mars 2019

Tchad

Le 3 février dernier, suite à la demande écrite du dictateur Idriss Déby, des Mirages 2000 de la force Barkhane stationnée à Ndjaména, censée lutter contre les djihadistes dans le Sahel ont cependant bombardé une colonne de véhicules de l’Union des forces de la résistance (UFR) de la rébellion tchadienne dans le nord du pays. Ces engins roulaient en direction de Ndjaména dans l’intention de s’emparer du pouvoir. Les bombardements ont continué jusqu’au 6 février. Selon un bilan non encore confirmé avancé par des dirigeants de l’opposition, il y aurait 160 rebelles tués et environ de 250 prisonniers. L’armée française même a affirmé avoir anéanti une colonne des rebelles dont un grand nombre a ensuite été fait prisonnier par l’armée tchadienne.

Rappelons que l’UFR est composée de huit mouvements armés rebelles dont le principal dirigeant n’est autre que Timan Erdimi, neveu du dictateur Idriss Déby.

Les réactions contre ces bombardements n’ont pas tardé à se faire entendre. Dans une déclaration commune, les partis politiques de l’opposition ont condamné cette intervention française dans un conflit « Tchado-tchadien ». Des associations et autres mouvements de droits civiques ont également dénoncé le comportement « irresponsable » de l’ancienne puissance coloniale. Ici dans l’immigration, des « Militants et démocrates tchadiens » appellent à une manifestation le 7 mars pour exprimer leur « indignation » contre ces « frappes » en faveur d’une « dictature insoutenable ».

Ce n’est pas la première fois qu’Idriss Déby, qui a lui-même pris le pouvoir par les armes en 1990, avec le soutien actif de la France, fait face à une rébellion armée. En 2006 et 2008, des rebelles sont parvenus jusqu’aux portes de la capitale. Le pouvoir était menacé de tomber mais grâce aux soutiens de l’armée française, Déby a réussi à prendre le dessus sur les assaillants. Ces soutiens étaient plus discrets : renseignements pour l’armée tchadienne, vols en basse altitude au-dessus des colonnes rebelles, coups de semonce, contrôle de l’aéroport, etc. Mais aujourd’hui, elle ne se contente plus de créer des conditions favorables à une victoire : elle bombarde elle-même les rebelles.

L’armée tchadienne est la principale alliée du gouvernement français au Mali et en Centrafrique. Peu importe que Déby soit un dictateur féroce ; peu importe que sa famille et son clan dilapident les ressources du pays pour leur profit personnel alors que la majorité de la population croule dans la misère.

Au Tchad comme dans le reste de l’Afrique, la lutte contre le terrorisme ou les extrémistes djihadistes n’est qu’un leurre. En réalité la présence militaire française dans ces endroits vise avant tout à veiller sur les intérêts bien matériels des capitalistes français.