Avec les élections qui approchent, ne soyons pas encore des « gnata » !

29 juin 2023

LEUR SOCIÉTÉ

En Côte d’Ivoire, nous sommes à la veille d’élections majeures. Il y aura les municipales et les régionales cette année et les présidentielles en 2025. Déjà les protagonistes sont en ordre de bataille et ont commencé à battre campagne.

Mais depuis plus de trente ans, le scénario et le décor politique a peu changé dans le pays, même si les personnages s’échangent les rôles. Le casting c’est qui sera président et à quel prix ! Les personnages majeurs sont Bédié, Ouattara et Gbagbo et leurs acolytes. Cela s’est soldé à chaque fois par un drame pour les populations.

De 1993 à 1999, c’est Bédié qui a campé le rôle du président et Ouattara et Gbagbo étaient des opposants à travers le « Front républicain ». Bédié se servait alors des leviers du pouvoir pour exclure Ouattara de la course. Cela a entrainé le « boycott actif » en 1995, le coup d’État de Robert Guéi en 1999 et l’éviction de Bédié du pouvoir. Entre-temps « l’ivoirité », cette propagande ethniste et haineuse entretenue par Bédié avait creusé des sillons de haine et de méfiance entre les populations.

Devant le fauteuil présidentiel laissé vacant par Bédié, les alliés d’hier du front républicain, se sont mués en adversaires pour devenir ensuite des ennemis. Gbagbo a embouché l’ivoirité de Bédié et appuyé Guei (alors président de la transition militaire) pour écarter Ouattara des élections présidentielles de 2000. Gbagbo sera élu à l’issue de ces élections qu’il va lui-même qualifier de « calamiteuse » et qui a entrainé des dizaines de morts, dont le charnier de Yopougon.

Ainsi, Gbagbo fut le président de 2000 à 2010. Sa confrontation avec Ouattara a fait naitre une rébellion armée soutenue par les partisans de ce dernier et qui a occupé la moitié nord du pays.

Bédié et Ouattara ennemis d’hier, vont se trouver des accointances. Le RHDP dont le but est d’écarter Gbagbo du pouvoir, va naitre de leur alliance. Leurs deux partis politiques en seront la colonne vertébrale.

En 2010, Gbagbo après 10 ans, a fini par accepter d’organiser des élections présidentielles ouvertes à tous. C’était la première fois que les trois se confrontaient dans une élection. Cela s’est soldé par une crise post-électorale qui officiellement a entrainé plus de 3 000 morts. Cette fois, ce fut le tour de Ouattara d’exercer le pouvoir d’État.

Depuis 2010 le RHDP avec Ouattara en tête, est au pouvoir. Mais l’alliance qui la constituait n’a pas résisté à l’épreuve du pouvoir. Du coup le PDCI de Bédié se retrouve dans l’opposition.

Aujourd’hui Ouattara dans les habits du président est en train d’appliquer à ses opposants les recettes que ces derniers ont utilisées hier pour l’écarter du pouvoir et qu’il qualifiait alors d’injustes. Gbagbo, Blé Goudé et Soro ont pris 20 ans dans des procès sur mesure et ont perdu ainsi le droit de se présenter à des élections.

Quand on sait ce que ce genre de procédé a entrainé par le passé, les populations ont raison de craindre le pire pour les deux ans à venir. Nombre de personnes prévoient de suivre les présidentielles de 2025 loin des grandes agglomérations, mais tous n’ont pas cette possibilité. Dans tous les cas, les travailleurs n’ont aucun intérêt à relayer la propagande de Bédié, Ouattara, Gbagbo et consorts. On les a tous vu défiler au pouvoir. Ce sont tous des ennemis des classes laborieuses. Ils ne se servent d’elles que comme marchepieds pour parvenir au pouvoir. Ils sèment la haine et la division au sein de la population. C’est pourquoi les populations pauvres doivent rester sourdes à leurs chants de sirène si elles ne veulent pas être des « gnata » !