Kenya : président assassin, FMI criminel
(Extrait de l’hebdomadaire Lutte Ouvrière n°2918 du 5 juillet 2025)
Depuis le 18 juin, les manifestations se sont multipliées à Nairobi, la capitale du Kenya, contre un projet de budget prévoyant de nouvelles taxes. La répression a fait au moins 39 morts, mais le projet a dû être retiré, au moins pour l’instant.
C’est pour garantir au FMI le remboursement des emprunts contractés que le président William Ruto voulait instaurer ces taxes. La dette représente 70 % du PIB et le Kenya est perpétuellement à la limite du défaut de paiement. Afin de prouver aux banquiers internationaux qu’il est capable de pressurer sa population pour honorer sa dette, William Ruto entendait augmenter les taxes sur le pain et l’essence et en instaurer une sur les véhicules particuliers. Il espère obtenir ainsi de nouveaux prêts, dans une spirale d’endettement sans fin semblable à celle qui étrangle bien des pays africains. La population kenyane, elle, doit subir une inflation qui atteint officiellement 6,2 % par an pour les produits alimentaires et 7,8 % pour les carburants, alors que le cours de la monnaie s’effondre.
Les affrontements ont commencé le 18 juin, quand des milliers de jeunes sont descendus dans la rue, répondant à l’appel lancé sur les réseaux sociaux par le groupe « occupy Parliament » (occuper le Parlement). Pendant des heures, chantant et provoquant la police par leurs danses, ils ont occupé le terrain pacifiquement, jusqu’à ce que les policiers s’en prennent à eux avec gaz lacrymogènes et canons à eau. Les jours suivants, le mouvement s’est étendu à plusieurs grandes villes, et le 25 juin les manifestants ont réussi à forcer les barrages et à pénétrer à l’intérieur du Parlement, en incendiant une partie. Le gouvernement a alors déployé l’armée, qui a ouvert le feu. Le lendemain, William Ruto annonçait le retrait du projet de budget.
Dans les manifestations, les pancartes « Ruto démission » ont rapidement côtoyé celles demandant le retrait du projet de budget. Ruto est un riche homme d’affaires, bien à l’image d’une classe dirigeante qui accapare les richesses et suscite l’indignation par sa corruption éhontée. Il parade avec des montres à 50 000 dollars au poignet, a fait rénover le Palais présidentiel, multiplié par trois le budget de son épouse et dilapide l’argent public dans de coûteux voyages à l’étranger. Il est connu comme le chouchou des institutions financières internationales, FMI et Banque mondiale. Pendant ce temps, un million de personnes s’entassent dans le bidonville de Kibera, où sévit le choléra, au milieu des immondices et où de l’eau polluée est le seul liquide pour se désaltérer. À Nairobi, la plupart des travailleurs vivent de petits métiers, au jour le jour, sans garantie pour le lendemain. Ils doivent subir les exactions d’une police gangrénée par la corruption qui règne de haut en bas de l’appareil d’État.
C’est contre ce régime odieux que s’est révoltée la jeunesse, contre cet auxiliaire des banquiers internationaux qui sucent le sang des travailleurs kényans.