Le capitalisme, un système au service des exploiteurs et des riches !

26 juillet 2025

Qu’ils soient ouvriers, agents de santé, chauffeurs, employés de bureau ou enseignants, aucun d’entre eux ne peut dire qu’il arrive à s’en sortir avec son maigre salaire. Ils subissent tous l’injustice de cette société qui opprime les travailleurs. Ils sont pourtant à la base de la production des richesses et de tout ce qui permet de faire fonctionner la société. Si les travailleurs avaient au moins la satisfaction d’œuvrer pour le bien commun présent et futur, leurs sacrifices seraient moins lourds à supporter, mais il n’en est rien.

Face à la dégradation continue de la condition ouvrière

Génération après génération, les travailleurs subissent l’exploitation capitaliste pour le seul enrichissement de la classe bourgeoise qui détient entre ses mains les banques et les moyens de production. Cette classe parasite minoritaire dispose d’un appareil d’État puissant, avec son administration, ses forces armées, pour imposer sa dictature à l’ensemble des travailleurs et des classes pauvres. Pendant que la classe capitaliste s’enrichit toujours plus, les exploités s’enfoncent davantage dans la misère et la précarité.

Prenons l’exemple de l’usine de Filtisac où, autour de l’année 1995, un ouvrier avait un salaire de 36 000 F auquel s’ajoutait une prime de production mensuelle atteignant 30 à 40 000 F. Avec un revenu moyen mensuel d’environ 75 000 F, il pouvait se loger à Abobo avec un loyer de 10 000 F par mois. Le même logement aujourd’hui revient au minimum à 35 000 F. Il en est de même pour les biens de consommations dont les prix on plus que triplé en l’espace d’une trentaine d’années alors que le salaire minimum légal qui était fixé à 36.607 F en 1995 a à peine doublée au cours de la même période. Le Smig actuel est à 75 000 F francs, soit l’équivalent de ce que touchait un ouvrier de Filtisac 30 années plus tôt.

Aujourd’hui, dans cette même entreprise, le salaire est dérisoire. De plus, le patron s’est servi de la prime de production comme un appât pour contraindre les travailleurs à travailler plus et à multiplier la production journalière par 2,5 à 3. Au final, un travailleur abat aujourd’hui le travail de deux, voire trois personnes et de plus, la prime de production a été supprimée. Le revenu des ouvriers a dégringolé et à cela s’est ajouté le fait que ceux qui étaient embauchés sous contrat long ont été remplacés par des journaliers ne touchant qu’une misère et corvéables à merci.

Face à toutes ces attaques, les ouvriers de Filtisac ont réagi par des mouvements de colère et des grèves mais le patron a réussi à jeter dehors les meneurs ainsi que les grévistes les plus déterminés, avec la complicité des gouvernements successifs. La direction a combattu les syndicats qui se montraient un peu récalcitrants et neutralisé les autres.

Aujourd’hui, le chômage est massif et toutes les entreprises profitent de cette situation pour augmenter la pression sur les travailleurs en rognant sur les salaires, en aggravant les conditions de travail, en augmentant les cadences, en multipliant les heures supplémentaires, en empiétant sur les mesures de sécurité les plus élémentaires, etc. Les travailleurs ont tendance à courber le dos de peur de perdre leur emploi, seul moyen pour subvenir aux besoins de toute une famille.

C’est dans cette situation que les travailleurs de Filtisac ont délégué leurs syndicats pour aller «négocier» avec le patron. Mais qu’est-ce qui peut obliger le patron à négocier avec ces syndicats qui, même s’ils ne lui sont pas forcément soumis, sont dans tous les cas impuissants pour lui imposer quoi que ce soit ? Si les travailleurs ne sont pas déterminés à en découdre avec le patron, toute négociation est vaine. Mais les patrons ont intérêt à se méfier de l’eau qui dort car tôt ou tard, ils finiront par récolter ce qu’ils méritent !

Nécessité d’une offensive de classe

Pour faire face à cette dégradation catastrophique des conditions d’existence de la classe ouvrière, il faudrait une large mobilisation rassemblant des travailleurs de nombreuses entreprises et dépassant le cadre de la corporation pour être en position de force face au patronat. En octobre 2022, un large mouvement de grève avait secoué et paralysé toute la zone industrielle de Yopougon. De nombreuses entreprises avaient fermé leurs portes, il y avait des barricades érigées un peu partout par les ouvriers en lutte pour empêcher les camions d’entrer ou de sortir de la zone. La colère et la détermination des travailleurs étaient telles que les patrons ont dû faire appel aux forces de l’ordre pour libérer les voies de circulation à l’intérieur de la zone.

Depuis cette date, un tel mouvement large et combatif ne s’est pas reproduit mais cela ne veut pas dire qu’il ne se passe rien dans les entreprises. Il y a parfois des luttes mais elles sont isolées au sein d’une entreprise, voire d’un secteur à l’intérieur d’une entreprise.

Dans le secteur du bâtiment qui est un peu particulier, les travailleurs parviennent parfois à arracher, non pas des augmentations de salaire qui seraient ô combien nécessaires par ces temps durs, mais seulement une partie de leurs «droits» légaux tels que les heures supplémentaires ou les primes non payées. Des mobilisations, des arrêts de travail ou des grèves ont parfois lieu, plus particulièrement quand un chantier arrive vers sa fin et que les travailleurs estiment qu’ils n’ont plus grand-chose à perdre. Ils parviennent parfois à récupérer une partie de ce que les patrons leur ont volée. Ce genre d’action, même isolée et limitée à une branche d’activité, peut déboucher sur un mouvement plus large, si elle est bien organisée et si les travailleurs sont suffisamment motivés et déterminés pour entrainer leurs camarades des entreprises ou des chantiers environnants. Le rapport de force avec le patronat peut alors changer en faveur de la classe ouvrière et encourager d’autres travailleurs à rejoindre le mouvement.

S’inspirer des expériences précieuses du mouvement ouvrier

L’histoire du mouvement ouvrier nous enseigne que même si le rapport de force entre exploiteurs et exploités est rarement en faveur de ces derniers, il y a eu des périodes où la classe des exploités a été non seulement capable de se défendre contre les attaques de la bourgeoisie mais de la renverser, elle et son pouvoir, par la révolution. C’est ainsi qu’à Paris, en 1871, la population des quartiers pauvres (ouvriers, artisans et petits salariés) s’est insurgée et a pris le pouvoir. Les communards (c’est ainsi qu’on désignait ces insurgés) ont gouverné Paris durant 72 jours. La bourgeoisie n’a pas pardonné cet acte révolutionnaire et a réprimé leur révolution dans le sang. Les communards ont été vaincus mais ont laissé derrière eux une expérience précieuse pour les générations suivantes.

46 ans plus tard, en 1917, c’est en Russie qu’a éclaté une nouvelle révolution prolétarienne. La classe ouvrière renversa, les armes à la main, le pouvoir dictatorial de la monarchie et de la bourgeoisie et exerça elle-même le pouvoir durant plusieurs années en s’inspirant des expériences des révolutionnaires de la Commune de Paris.

La classe ouvrière, de par son rôle dans la production des richesses et de par son nombre, détient entre ses mains une force colossale capable de vaincre la bourgeoisie et de l’exproprier. Mais cela nécessite un certain nombre de conditions. La première est celle de l’organisation politique de la classe ouvrière, c’est-à-dire celle d’avoir son propre parti révolutionnaire et communiste, ayant comme programme le renversement de la bourgeoisie et l’exercice du pouvoir par la classe ouvrière en arme.

Sans ce parti et cette politique clairement affirmée, les travailleurs ne pourront pas supprimer l’exploitation capitaliste. Ils peuvent parfois gagner des batailles syndicales pour améliorer leurs conditions d’existence mais ne peuvent pas mettre fin à la cause de leur exploitation et de leur misère. Les capitalistes sont parfois contraints de céder sur certaines revendications, mais généralement ils récupèrent d’une main ce qu’ils ont cédé de l’autre. Cela continuera ainsi tant qu’ils domineront l’économie.

La construction d’un parti communiste révolutionnaire prolétarien est indispensable et ne peut être que l’œuvre de militants ouvriers conscients de la tâche grandiose que le prolétariat doit accomplir pour mettre fin au capitalisme à l’échelle internationale. L’avenir de l’humanité toute entière en dépend.