Madagascar : coup de colère salutaire des travailleurs
Face aux nombreuses attaques qu’ils subissent depuis des années, les salariés de la JIRAMA , société qui s’occupe de l’eau et de l’électricité dans le pays, ont dit non en se mettant en grève. En fait il s’agit d’un mouvement de mobilisation multiforme : piquets de grève, débrayages, pétitions, sit-in, prises de paroles dans les quartiers populaires, délégations auprès de la direction générale de l’entreprise, puis auprès du ministère de l’Énergie…
Cette mobilisation débutée le 9 juillet puis suspendue au bout de deux ou trois jours, puis poursuivie à nouveau, a été d’une profondeur variable. Les raisons du mécontentement des travailleurs sont multiples mais le facteur déclenchant a été la prise de connaissance d’une décision gouvernementale publiée dans le « Journal Officiel » : transformer cette Société d’État en « Société Anonyme », c’est-à-dire à vocation commerciale.
Les travailleurs ainsi qu’une grande partie de la population ne sont pas pour la privatisation de la JIRAMA et ils ont bien raison de protester et de se battre contre une telle décision, malgré la répression et les menaces de poursuites. Ce serait livrer aux vautours capitalistes du secteur privé, cette entreprise considérée comme étant d’utilité publique.
Le chef de l’État, Andry Rajoelina est monté au créneau. Il a fait plusieurs interventions contre ce mouvement des travailleurs, puis a convoqué le directeur de la JIRAMA, le ministre de tutelle ainsi que les dirigeants syndicaux. Suite à quoi il a déclaré : « Il n’y aura pas de privatisation de cette compagnie tant que c’est moi qui suis à la tête du pays ».Pour régler ce conflit Il a annoncé la création d’une commission tripartite, composée d’un délégué de la Présidence, d’un délégué du Ministère de l’Énergie et des Mines, et d’un troisième dans lequel le directeur de la JIRAMA serait épaulé par les dirigeants syndicaux. Cela revient à acheter des dirigeants syndicaux en leur distribuant des postes, en échange de leur soumission.
Ceci dit, entreprise publique ou entreprise privée, la JIRAMA exploite les travailleurs, leur impose des conditions de travail démentes, mute les travailleurs au gré des désidératas de la direction, d’un endroit à l’autre de ce grand pays, sans considération des conséquences pour leurs conjoints et enfants. Et la liste est longue des attaques infâmes à l’égard du personnel.
Andry Rajoelina a remis pour le moment son projet de privatisation dans sa poche. Même petite, cette reculade présidentielle n’a été obtenue que par la grève des travailleurs.
Privatisation ou pas, les travailleurs ne réussiront à arracher des améliorations en leur faveur, que grâce aux combats qu’ils mèneront dans l’avenir.