Mali : Assimi Goïta veut bâillonner la population

11 mai 2025

Les galonnés au pouvoir à Bamako viennent d’annoncer l’interdiction « jusqu’à nouvel ordre » des partis politiques et des associations « à caractère politique » sous prétexte qu’ils créent un « trouble à l’ordre public ».

Les principaux dirigeants des partis d’opposition au régime du colonel Assimi Goïta semblent surpris et indignés par cette mesure dictatoriale car ils avaient cru ou feint de croire aux promesses des putschistes de leur rendre le pouvoir fin mars 2024. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont naïfs et hypocrites. Ils sont devenus tardivement des « opposants » au régime d’Assimi Goïta quand ils se sont aperçus que celui-ci n’avait pas l’intention de leur rendre les clés du pouvoir sur un plateau d’argent. Ils découvrent aujourd’hui le vrai visage des militaires qu’ils ont pourtant acclamés et encensés lors du renversement  du régime corrompu d’IBK en août 2020. Ces opposants de pacotille seront donc privés de la mangeoire gouvernementale « jusqu’à nouvel ordre », sauf peut-être pour ceux qui se mettront à plat ventre devant les putschistes.

Actuellement, la principale crainte d’Assimi Goïta ne provient pas de ces politiciens en boubou ou en costume-cravate mais peut-être de ses propres rangs et tant qu’il tiendra les casernes il ne lâchera pas le pouvoir. Une autre de ses craintes pourrait sortir des quartiers populaires où les gens souffrent de la misère croissante, de la vie chère qui ne cesse de grignoter les maigres salaires auxquels s’ajoutent de nombreuses difficultés de la vie quotidienne. Tout cela finira peut-être par provoquer une explosion de colère.

Derrière l’interdiction des partis politiques et des associations qui critiquent son pouvoir, Assimi Goïta veut surtout montrer à cette population qu’il ne tolèrera aucune contestation. Et c’est précisément pour éviter tout débordement de la rue qu’il emprisonne ceux qui le critiquent sur les réseaux sociaux. C’est le cas par exemple de Rokia Doumbia (connue sur les réseaux sociaux comme « Rose vie-chère ». Elle a été arrêtée en mars 2023 pour « incitation à la révolte » à cause de ses dénonciations sur la vie chère, sur l’incapacité du gouvernement de mettre fin aux coupures récurrentes de l’électricité, à l’insécurité et à la corruption, entre autres. Jusqu’à ce jour, elle est toujours en prison. C’est aussi le cas de l’animateur de radio et militant associatif, Mohamed Youssouf Bathily, plus connu sous le nom de Ras Bath. Lui aussi était devenu gênant car il dénonçait certains abus du pouvoir, il est en prison depuis mars 2023.

Ces arrestations sont un avertissement à tous ceux qui ont l’intention de manifester leur mécontentement dans la rue et sur leur lieu de travail. Les travailleurs du Mali sont concernés car eux aussi ont leurs propres revendications à défendre comme par exemple des augmentations de salaire face à la cherté de la vie, droit à la liberté d’expression et d’organisation, etc. Ce qui est sûr c’est qu’ils ne peuvent compter que sur leurs luttes pour défendre leurs intérêts.