Éditorial

Se préparer aux luttes d’aujourd’hui et de demain !

02 juin 2022

ÉDITORIAL

Il faut peut-être remonter aux premières heures de la colonisation pour voir un rapport de forces aussi écrasant, entre d’un côté un patronat arrogant, fort du soutien des gouvernements qui se succèdent à la tête de l’État et de l’autre, des travailleurs mis littéralement aux pas, soumis à des cadences de travail qui ne cessent de s’aggraver et des salaires de misère qui ne bougent pas alors que les prix flambent ! Des travailleurs meurent au travail, d’autres n’ont pas les moyens de se soigner. Ce sont des conditions de travail qui rappellent de plus en plus le temps de l’esclavage ! C’est ce que vivent aujourd’hui la plupart des travailleurs dans ce pays.

Les travailleurs n’attendent évidemment pas sagement que les capitalistes viennent leur tondre la tête, loin de là. Vissés à leur poste de travail, ils réfléchissent et cherchent, chacun de son côté, des solutions pour amoindrir ce carcan qui les tue à petit feu. Cependant, pour la majorité écrasante d’entre eux il n’existe pas de solution individuelle, pas plus qu’il n’existe de miracle. La solution ne peut être que collective et passera nécessairement par de grandes luttes contre cette classe exploiteuse, contre ces riches qui les pressurent ! Les plus anciens savent d’expérience qu’aucun secours ne viendra non plus des hauts dignitaires placés à la tête des syndicats car ceux-là sont dans le camp des capitalistes et du gouvernement qui défend les intérêts de ces derniers.

Alors, il arrive qu’ici et là, des travailleurs se révoltent, souvent sans beaucoup d’organisation, plus ou moins spontanément et surtout sans grande conviction ni assez de détermination pour pouvoir inverser le rapport de forces en leur faveur.

La grève à l’usine de Sivop

Le mois passé, les travailleurs de Sivop ont spontanément refusé de se mettre en rang comme ils doivent le faire chaque jour avant de sortir de l’enceinte de l’usine. La direction les oblige en effet à se faire palper par les vigiles comme on le ferait avec des prisonniers pour vérifier qu’ils n’ont pas caché quelque chose sous leurs vêtements. Mais ce soir-là, les ouvriers ont refusé de s’y soumettre. Est-ce parce que le ciel était menaçant et que personne ne voulait être surpris par la pluie ? En tous cas, beaucoup avaient aussi en tête les conditions pénibles de travail. À l’intérieur de l’usine la chaleur est intense, il n’y pas de système de ventilation pour rafraîchir un peu l’atmosphère ; on travaille chaque jour avec la peur au ventre car ont peut-être sanctionné ou renvoyé à la moindre faute. Tout cela pour une paie minable et sans bulletin de paye. La coupe était pleine et la réaction des travailleurs n’a pas été du goût de la direction !

Dès le lendemain, à la reprise, un travailleur a été indexé par la direction comme étant le responsable de cette révolte et a été empêché d’entrer dans l’usine. À sa grande surprise, les travailleurs ont considéré que c’était là le renvoi de trop. Trois jours de grève vont suivre pour exiger la réintégration du camarade.

Dès l’entame de la grève, le patron a fait appel au syndicat, à la police, la gendarmerie, la BAE et à l’Inspection du travail, pour que tout ce monde-là dise aux travailleurs que leur grève est illégale. Ainsi, dans cette société capitaliste, exploiter les travailleurs comme des esclaves est tout à fait légal. Par contre, refuser cet esclavage, voilà un acte de rébellion, donc illégal !

Malgré la présence des forces de l’ordre, les grévistes ont tenu durant trois jours. Ils le paieront ensuite très chèrement par une centaine de renvois.

Le cas des travailleurs du bâtiment de l’entreprise Acc

Dans cette entreprise, le patron paye 750 Fr de l’heure alors que le barème officiel est 1000 Fr. Ainsi les travailleurs se font voler 250 Fr sur chaque heure travaillée, soit 2000 Fr chaque jour !

Tout dernièrement, des travailleurs d’un des chantiers ont fini par porter la réclamation au patron puis ont fait grève durant deux jours. Au troisième jour, le patron a fait venir les forces de l’ordre à l’entrée du chantier. Ces hommes armés avaient une liste de six ouvriers indésirables qui étaient les porte-paroles des grévistes et qu’il fallait empêcher de pénétrer dans le chantier. Ainsi, le patron s’est servi des forces de l’ordre pour renvoyer sans ménagement ces ouvriers qui avaient entre un et trois ans d’ancienneté.

Ces travailleurs subissent depuis longtemps les abus de leur patron. Celui-ci croyait peut-être qu’il pouvait éternellement voler les travailleurs sans qu’ils réagissent énergiquement et collectivement. Mais ils ont fini par décider qu’il était temps de montrer au patron qu’ils n’acceptent plus de se faire plumer.

Des leçons à tirer pour les luttes futures

Des luttes de ce genre ne sont pas si rares. Le plus souvent, elles éclatent de façon spontanée, sans grande préparation ni organisation ; des travailleurs sont ensuite renvoyés et quelque fois jetés en prison. Ceux qui viendront ensuite les remplacer subiront la même exploitation, sinon pire. C’est de cette façon que la grande bourgeoisie tire ses énormes profits.

Pour faire fonctionner son système d’exploitation la bourgeoisie a besoin de l’aide des chefaillons, des nervis, de l’appareil d’État avec sa police, son armée et sa justice, mais aussi des Inspecteurs du travail et même des dirigeants syndicaux et des politiciens qu’elle peut utiliser pour tromper les exploités et dévoyer leurs luttes vers des impasses.

Lorsque des grèves éclatent, il peut arriver que le capitaliste ou le gouvernement à son service recule face à la détermination des travailleurs en lutte. Mais pour leur céder quoi ? Ici, la restitution de l’argent volé aux travailleurs ; là, le paiement des heures supplémentaires ; ailleurs, une déclaration à la Cnps ou un avancement de catégorie voire une augmentation de salaire. Mais c’est loin de mettre les capitalistes sur la paille car cela ne représente qu’une miette à côté de ce qu’ils volent quotidiennement aux travailleurs.

Dans tous les cas, rien n’est jamais donné aux travailleurs ! Seul le rapport de force oblige ou pas le patronat à céder aux revendications. Mais assez rapidement, ce qui a été gagné de haute lutte par les travailleurs est récupéré d’une façon ou d’une autre par la classe capitaliste. La victoire des travailleurs est avant tout dans le moral et dans l’expérience chèrement acquise durant leurs luttes. Il s’agit par exemple de la question de l’organisation, de la mise en place de « comités », des liens et des réseaux à tisser, etc.

S’organiser pour combattre le capitalisme

Il n’est nulle part écrit que la classe ouvrière doit rester ad-vitam esclave de la classe capitaliste parasite. La société regorge de moyens, de connaissances et de richesses pouvant permettre la satisfaction des besoins de tous, mais seule une toute petite minorité profite de ces richesses pendant que l’écrasante majorité croupit dans la misère. Une telle société mérite d’être condamnée et remplacée !

Tôt ou tard, les travailleurs finiront par trouver le chemin de leur libération. Des petites luttes comme chez Sivop, ou Acc, si elles se généralisent, peuvent tels des petits ruisseaux, former un grand fleuve et entrainer toute la classe ouvrière dans la lutte. Le temps de la révolte générale sonnera nécessairement et la bourgeoisie aveuglée par sa rapacité, finira par creuser sa propre tombe.

Dans cette lutte contre les capitalistes, les travailleurs devront alors faire montre de génie d’organisation, d’unité et de clairvoyance. Ils auront surtout besoin d’avoir une politique de classe qui, telle une boussole, leu
r permettra de déceler les faux amis et identifier ses ennemis. Sans cela la classe ouvrière ne peut pas vaincre la bourgeoisie et bâtir une nouvelle société débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Il faut peut-être remonter aux premières heures de la colonisation pour voir un rapport de forces aussi écrasant, entre d’un côté un patronat arrogant, fort du soutien des gouvernements qui se succèdent à la tête de l’État et de l’autre, des travailleurs mis littéralement aux pas, soumis à des cadences de travail qui ne cessent de s’aggraver et des salaires de misère qui ne bougent pas alors que les prix flambent ! Des travailleurs meurent au travail, d’autres n’ont pas les moyens de se soigner. Ce sont des conditions de travail qui rappellent de plus en plus le temps de l’esclavage ! C’est ce que vivent aujourd’hui la plupart des travailleurs dans ce pays.

Les travailleurs n’attendent évidemment pas sagement que les capitalistes viennent leur tondre la tête, loin de là. Vissés à leur poste de travail, ils réfléchissent et cherchent, chacun de son côté, des solutions pour amoindrir ce carcan qui les tue à petit feu. Cependant, pour la majorité écrasante d’entre eux il n’existe pas de solution individuelle, pas plus qu’il n’existe de miracle. La solution ne peut être que collective et passera nécessairement par de grandes luttes contre cette classe exploiteuse, contre ces riches qui les pressurent ! Les plus anciens savent d’expérience qu’aucun secours ne viendra non plus des hauts dignitaires placés à la tête des syndicats car ceux-là sont dans le camp des capitalistes et du gouvernement qui défend les intérêts de ces derniers.

Alors, il arrive qu’ici et là, des travailleurs se révoltent, souvent sans beaucoup d’organisation, plus ou moins spontanément et surtout sans grande conviction ni assez de détermination pour pouvoir inverser le rapport de forces en leur faveur.

La grève à l’usine de Sivop

Le mois passé, les travailleurs de Sivop ont spontanément refusé de se mettre en rang comme ils doivent le faire chaque jour avant de sortir de l’enceinte de l’usine. La direction les oblige en effet à se faire palper par les vigiles comme on le ferait avec des prisonniers pour vérifier qu’ils n’ont pas caché quelque chose sous leurs vêtements. Mais ce soir-là, les ouvriers ont refusé de s’y soumettre. Est-ce parce que le ciel était menaçant et que personne ne voulait être surpris par la pluie ? En tous cas, beaucoup avaient aussi en tête les conditions pénibles de travail. À l’intérieur de l’usine la chaleur est intense, il n’y pas de système de ventilation pour rafraîchir un peu l’atmosphère ; on travaille chaque jour avec la peur au ventre car ont peut-être sanctionné ou renvoyé à la moindre faute. Tout cela pour une paie minable et sans bulletin de paye. La coupe était pleine et la réaction des travailleurs n’a pas été du goût de la direction !

Dès le lendemain, à la reprise, un travailleur a été indexé par la direction comme étant le responsable de cette révolte et a été empêché d’entrer dans l’usine. À sa grande surprise, les travailleurs ont considéré que c’était là le renvoi de trop. Trois jours de grève vont suivre pour exiger la réintégration du camarade.

Dès l’entame de la grève, le patron a fait appel au syndicat, à la police, la gendarmerie, la BAE et à l’Inspection du travail, pour que tout ce monde-là dise aux travailleurs que leur grève est illégale. Ainsi, dans cette société capitaliste, exploiter les travailleurs comme des esclaves est tout à fait légal. Par contre, refuser cet esclavage, voilà un acte de rébellion, donc illégal !

Malgré la présence des forces de l’ordre, les grévistes ont tenu durant trois jours. Ils le paieront ensuite très chèrement par une centaine de renvois.

Le cas des travailleurs du bâtiment de l’entreprise Acc

Dans cette entreprise, le patron paye 750 Fr de l’heure alors que le barème officiel est 1000 Fr. Ainsi les travailleurs se font voler 250 Fr sur chaque heure travaillée, soit 2000 Fr chaque jour !

Tout dernièrement, des travailleurs d’un des chantiers ont fini par porter la réclamation au patron puis ont fait grève durant deux jours. Au troisième jour, le patron a fait venir les forces de l’ordre à l’entrée du chantier. Ces hommes armés avaient une liste de six ouvriers indésirables qui étaient les porte-paroles des grévistes et qu’il fallait empêcher de pénétrer dans le chantier. Ainsi, le patron s’est servi des forces de l’ordre pour renvoyer sans ménagement ces ouvriers qui avaient entre un et trois ans d’ancienneté.

Ces travailleurs subissent depuis longtemps les abus de leur patron. Celui-ci croyait peut-être qu’il pouvait éternellement voler les travailleurs sans qu’ils réagissent énergiquement et collectivement. Mais ils ont fini par décider qu’il était temps de montrer au patron qu’ils n’acceptent plus de se faire plumer.

Des leçons à tirer pour les luttes futures

Des luttes de ce genre ne sont pas si rares. Le plus souvent, elles éclatent de façon spontanée, sans grande préparation ni organisation ; des travailleurs sont ensuite renvoyés et quelque fois jetés en prison. Ceux qui viendront ensuite les remplacer subiront la même exploitation, sinon pire. C’est de cette façon que la grande bourgeoisie tire ses énormes profits.

Pour faire fonctionner son système d’exploitation la bourgeoisie a besoin de l’aide des chefaillons, des nervis, de l’appareil d’État avec sa police, son armée et sa justice, mais aussi des Inspecteurs du travail et même des dirigeants syndicaux et des politiciens qu’elle peut utiliser pour tromper les exploités et dévoyer leurs luttes vers des impasses.

Lorsque des grèves éclatent, il peut arriver que le capitaliste ou le gouvernement à son service recule face à la détermination des travailleurs en lutte. Mais pour leur céder quoi ? Ici, la restitution de l’argent volé aux travailleurs ; là, le paiement des heures supplémentaires ; ailleurs, une déclaration à la Cnps ou un avancement de catégorie voire une augmentation de salaire. Mais c’est loin de mettre les capitalistes sur la paille car cela ne représente qu’une miette à côté de ce qu’ils volent quotidiennement aux travailleurs.

Dans tous les cas, rien n’est jamais donné aux travailleurs ! Seul le rapport de force oblige ou pas le patronat à céder aux revendications. Mais assez rapidement, ce qui a été gagné de haute lutte par les travailleurs est récupéré d’une façon ou d’une autre par la classe capitaliste. La victoire des travailleurs est avant tout dans le moral et dans l’expérience chèrement acquise durant leurs luttes. Il s’agit par exemple de la question de l’organisation, de la mise en place de « comités », des liens et des réseaux à tisser, etc.

S’organiser pour combattre le capitalisme

Il n’est nulle part écrit que la classe ouvrière doit rester ad-vitam esclave de la classe capitaliste parasite. La société regorge de moyens, de connaissances et de richesses pouvant permettre la satisfaction des besoins de tous, mais seule une toute petite minorité profite de ces richesses pendant que l’écrasante majorité croupit dans la misère. Une telle société mérite d’être condamnée et remplacée !

Tôt ou tard, les travailleurs finiront par trouver le chemin de leur libération. Des petites luttes comme chez Sivop, ou Acc, si elles se généralisent, peuvent tels des petits ruisseaux, former un grand fleuve et entrainer toute la classe ouvrière dans la lutte. Le temps de la révolte générale sonnera nécessairement et la bourgeoisie aveuglée par sa rapacité, finira par creuser sa propre tombe.

Dans cette lutte contre les capitalistes, les travailleurs devront alors faire
montre de génie d’organisation, d’unité et de clairvoyance. Ils auront surtout besoin d’avoir une politique de classe qui, telle une boussole, leur permettra de déceler les faux amis et identifier ses ennemis. Sans cela la classe ouvrière ne peut pas vaincre la bourgeoisie et bâtir une nouvelle société débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme.