Sénégal – Ce ne sont pas les menaces et les bonnes paroles qui arrêteront la migration
Le 14 mars dernier, les autorités sénégalaises ont intercepté une pirogue transportant plus de 300 migrants partant vers les îles Canaries. Les personnes interpellées venaient de plusieurs pays : Guinée, Gambie, Côte d’Ivoire, Sierra Leone ainsi que du Sénégal. Parmi les passagers, il y avait des femmes et des enfants. Cela s’ajoute à une centaine d’autres personnes interpellées quelques jours plus tôt.
A cause du fait qu’il devient de plus en plus difficile de partir des pays de la côte méditerranéenne, le Sénégal est devenu un point de départ majeur de la migration clandestine. Mais la traversée par l’océan Atlantique est beaucoup plus longue et plus dangereuse que celle de la Méditerranée, surtout lorsqu’il s’agit de petites embarcations surchargées et inadaptées à ce genre de transport. Cependant, le nombre de candidats au départ ne cesse d’augmenter malgré le renforcement des mesures de surveillance et de répression.
D’après l’agence Frontex (agence européenne chargée de la surveillance des frontières de l’Union Européenne) près de 47 000 personnes ont tenté de rejoindre l’Europe par la mer depuis les côtes ouest-africaines, soit 18% de plus qu’en 2023. Plus de 10 400 migrants sont morts ou ont disparu en mer en 2024 selon l’ONG Caminando Fronteras.
Nombreux sont les candidats à la migration qui disent qu’ils sont prêts à prendre le risque de mourir en mer plutôt que de mourir à petit feu en restant au pays. Les États européens auront beau barricader leurs frontières et mettre des fils barbelés partout, ils n’arrêteront pas ceux qui sont prêts à mourir pour échapper à la misère qu’ils ne peuvent plus supporter.
L’année dernière, le président sénégalais Diomaye Faye a reçu le premier ministre espagnol et ce dernier a promis une aide financière à l’État sénégalais en échange d’un renforcement de la surveillance de ses côtes et de la répression de la migration clandestine, ce que Diomaye Faye a accepté. L’arrestation de 400 migrants en l’espace de quelques jours au mois de mars dernier s’inscrit dans le cadre de cet accord entre l’Espagne et le Sénégal.
Les dirigeants de ces deux pays ont parlé de «développement durable», des «actions de sensibilisation», de «coopération» et autres «liens d’amitié» mais la seule chose de concret que la population constate, c’est que la misère pousse toujours plus de jeunes et de moins jeunes à prendre la mer.