Un accident de travail prévisible
Dans la nuit du dimanche 2 novembre, un travailleur a été victime d’un accident de travail dans l’usine agro-alimentaire Nutri située dans la zone industrielle de Yopougon. Il a perdu ses doigts, broyés par une machine.
Cet accident n’a rien d’un hasard, c’est le résultat d’une surcharge de travail imposée par la direction. En effet, cet ouvrier a été convoqué par la direction pour effectuer des heures supplémentaires. Comment alors s’étonner qu’un accident se produise dans un tel état de fatigue ?
Cette nuit-là, l’infirmerie était fermée et il n’y avait pas d’ambulance. C’est ainsi que les travailleurs se sont improvisés en secouristes pour lui venir en aide, en le retirant de la machine et en posant un garrot pour limiter l’hémorragie. Il a fallu ensuite trouver un véhicule en pleine nuit pour l’évacuer à l’hôpital. Après une longue attente, on a fini par trouver un taxi et ce sont les collègues de travail qui ont cotisé pour payer les frais de transport.
Le lendemain, à la reprise, lorsque la nouvelle de l’accident s’est répandue, ce fut l’indignation et la colère chez les travailleurs. Une délégation a été formée pour s’expliquer avec la direction.
Dans une telle usine où travaillent plusieurs centaines de travailleurs, il devrait y avoir une infirmerie avec un médecin de permanence. Mais au lieu de cela, l’usine ne dispose que d’une infirmerie qui ne mérite pas ce nom. Le médecin n’y est présent que deux fois par semaine durant deux heures ! De plus, les travailleurs n’ont même pas une assurance maladie.
Face à la colère des travailleurs, la direction a promis une prise en charge du collègue accidenté. Il a été déclaré à la CNPS mais comme la grande majorité des travailleurs, il est jusqu’à ce jour en statut de journalier malgré ses trois ans d’ancienneté.
Les conditions de travail chez Nutri n’ont rien d’exceptionnelles, ce sont les mêmes que celles de la majorité des entreprises parce que les patrons n’ont que faire de la santé et sécurité des travailleurs. La seule chose qui les intéresse c’est leurs profits…jusqu’à ce que les travailleurs disent « non » à leur système.
