Discours en faveur des pauvres mais pas contre les exploiteurs

28 septembre 2019

JOURNÉE PAPALE DANS L’OCÉAN INDIEN

Le pape François, chef de l’Eglise catholique, vient d’effectuer une tournée dans trois pays voisins situés dans le sud-est de l’Océan Indien. Il s’agit du Mozambique, pays pauvre et sous-développé, anciennement colonisé par le Portugal, de Maurice, petite île où la population est un peu mieux lotie et de Madagascar autre pays très pauvre anciennement colonisé par la France.

À l’époque coloniale, le Mozambique et Madagascar ont été maintenus dans le sous-développement par ces métropoles impérialistes. Au sortir de la colonisation directe, ces pays étaient exsangues. Avec l’Indépendance, les populations ont retrouvé un semblant de dignité, mais cela ne s’est pas traduit par un mieux-être pour l’immense majorité des gens. Aujourd’hui les exploiteurs capitalistes de France et d’ailleurs et les politiciens à la tête de chacun de ces pays, pillent les caisses publiques : ils s’arrangent dans une sorte de partage des tâches. Les uns comme les autres s’enrichissent avec la sueur et parfois avec le sang des travailleurs des villes comme avec ceux des campagnes.

Les églises chrétiennes sont bien implantées à Madagascar : elles ont réussi à rassembler des centaines de milliers de personnes (800 mille selon les organisateurs) autour du pape. Celui-ci cultive une certaine réputation d’être « aux côtés des pauvres ». Sur place il a fait des éloges appuyés en faveur d’un prêtre d’origine argentine comme lui, le père Pedro. Ce père Pedro s’est donné pour but de permettre à des milliers de misérables de survivre sur une énorme décharge située dans la banlieue d’Antananarivo, la capitale du pays : 25 mille habitants de cet endroit y disposent de maisons certes, mais sans eau courante ni électricité. Leurs enfants ont droit à la scolarité durant quelques années. Le travail de ces familles consiste à ramasser plastique et ferraille, destinés au recyclage pour un salaire mensuel équivalant à environ 30 euros, à raison de 12 heures de travail par jour. Cette ONG caritative arrive à s’en sortir aussi grâce aux donations internationales.

Le pape a beaucoup parlé : « développement intégral de tous les habitants », « promotion de tous »… Il a fustigé « toutes les formes endémiques de corruption et de spéculation qui augmentent la disparité sociale ». Les chaines de télévision et les radios ont pris le relais de son discours. La plupart ont mis l’accent sur le « Fihavanana » c’est-à-dire l’esprit de partage, d’entraide et de solidarité.

Ce ne sont pas ces leçons de morale qui vont intimider les capitalistes qui exploitent les travailleurs. Le chef de l’Etat Andry Rajoelina, lui-même richissime, aime à se présenter comme un réformateur. Il s’est bien gardé d’égratigner en quoi que ce soit les exploiteurs capitalistes dont il fait partie. Il a juste demandé au pape de «prier pour le peuple malagasy». Ainsi pour ce dirigeant et pour les capitalistes, les exploités pourront continuer à souffrir en silence et accepter leur sort.