Éditorial

L’impérialisme français décide les autorités maliennes exécutent

04 mars 2014

Les médias gouvernementaux ainsi que ceux des partis qui soutiennent le pouvoir actuel ne tarissent pas d’éloges à l’égard des « vaillants soldats » maliens qui, « aux côtés de leurs frères d’armes français », auraient « libéré » les villes conquises par les forces djihadistes dans le nord du Mali. Ce n’est rien d’autre que de la propagande mensongère pour faire croire que l’armée malienne est pour quelque chose dans la « libération » du Nord-Mali. La vérité c’est que l’armée malienne ne s’est même pas battue. Elle s’est plutôt distinguée par sa couardise devant les combattants islamistes dans la ville de Konna en abandonnant armes et bagages comme elle l’avait fait quelques mois plus tôt dans la ville de Kidal.

C’est une fois que les villes sont reconquises par l’armée française après les bombardements aériens puis l’occupation des lieux par les bataillons terrestres français que le commandement militaire malien est convié à « prendre possession » des lieux. La « livraison » de la ville se fait même de manière cérémoniale : un officier français se présente devant un officier malien et lui dit : « La ville est à vous mon colonel ».

C’est de cette manière que la passation du pouvoir a eu lieu à Konna, Diabaly, Savaré, Gao et Tombouctou. Mais dans les villes situées plus au nord comme Kidal, Ménaka, Tessalit ou Aguel Hoc, les autorités françaises n’ont même pas voulu la présence de l’armée malienne. Elles ont choisi de confier le pouvoir dans ces villes à l’armée tchadienne une fois que le MNLA et les combattants islamistes ont battu en retraite dans les montagnes et les grottes environnantes.

L’amour propre des nationalistes de Bamako en a pris un coup et ils ont dû admettre de gré ou de force que c’est le gouvernement français qui décide du moment qu’il jugera opportun pour autoriser l’armée malienne à mettre les pieds sur cette zone frontalière entre l’Algérie, le Mali et le Niger. Actuellement, l’armée française semble vouloir négocier avec les dirigeants du MNLA pour « sécuriser » la frontière entre le Niger et le Mali. Le but du gouvernement français est en effet de protéger les sites d’extraction d’uranium situés de l’autre côté de la frontière, au Niger, pour le grand bien d’Areva, la société française qui alimente l’industrie nucléaire en uranium pour la production d’électricité. Le gouvernement français n’a aucune confiance dans la capacité de l’armée malienne pour accomplir cette tache. Des milliards d’euros sont en jeu et pour l’Etat français, les intérêts de sa bourgeoisie priment sur la velléité des autorités maliennes.

En plus des intérêts d’Areva, il semble que le gouvernement français veut s’appuyer sur les dirigeants du MNLA pour trouver des solutions permettant de libérer les otages français retenus par les islamistes.

Cette mise à l’écart de l’armée malienne semble provoquer une certaine grogne au niveau de la hiérarchie militaire malienne mais pour le moment elle a plus à faire à ses propres dissensions internes entre bérets rouges et bérets verts qu’à vouloir aller coûte que coûte vers le bourbier de l’extrême Nord. Quant à Dioncounda Traoré, il n’a d’autre choix que de se plier au diktat de son sauveur, François Hollande.