La lutte des fonctionnaires fait reculer le gouvernement

05 novembre 2018

Tchad

Le bras de fer engagé depuis plus de cinq mois entre le dictateur Idriss Deby et les fonctionnaires en grève vient de se terminer par une petite victoire des ces derniers.

Le 26 octobre un accord est signé au Palais présidentiel entre les dirigeants de la Plateforme syndicale revendicative composée de l’UST (Union des syndicats du Tchad), du Syndicat national des enseignants-chercheurs du supérieur (SYNECS) et de la Confédération indépendante des syndicats du Tchad (CIST) et le gouvernement. Celui-ci s’est notamment engagé à augmenter les salaires de 15% ; à porter à 65% le niveau de remboursement des primes et indemnités de salaires, arbitrairement réduites à 50% auparavant par le dictateur Idriss Deby. En contrepartie les syndicats ont appelé tous les grévistes à reprendre le travail le 29 octobre, dans tout le pays.

Ce qui a poussé Idriss Deby à faire ce geste, c’est sans doute le mécontentement de la population déshéritée. En refusant de satisfaire les revendications des grévistes, la situation s’est aggravée dans les services publics comme les hôpitaux ou l’Éducation.

La plupart des hôpitaux publics sont en grève ; seuls les soins urgents sont donnés dans certains. Alors les malades vont se faire soigner dans les hôpitaux privés, comme le Bon Samaritain, à Wallia. Or ces hôpitaux privés coûtent cher. Ils ne sont pas à la portée des familles pauvres.

Quant aux écoles, c’est le même problème. Les lycées, les collèges et les écoles sont également fermés pour fait de grève. Seules les écoles privées fonctionnent alors qu’elles sont pour la plupart trop chères pour les enfants dont les parents sont démunis.

Plus la grève perdure, plus le mécontentement grandit. De peur que la colère qui gronde ne finisse par l’emporter lui et son gouvernement de voleurs et de brigands, Deby s’est précipité pour signer un accord avec les syndicats.

Il est à craindre que les grévistes, en reprenant le travail sur de simples promesses, risquent de se faire avoir une nouvelle fois par Déby qui, en général, ne respecte pas ses engagements. Mais échaudés par un accord qu’ils ont signé en mars dernier et qui n’a jamais été appliqué, les syndicats, cette fois-ci, ont mis en garde Deby et son gouvernement. Ils ont déjà montré à plusieurs reprises qu’ils sont capables de se remobiliser, et de se faire craindre par le pouvoir.