La sécheresse n’est pas la seule responsable de la famine

20 mars 2017

ÉTHIOPIE

Dans le sud-est de l’Éthiopie, région essentiellement agricole et d’élevage de bovins, la sécheresse sévit depuis trois ans mais cela fait des années aussi que la petite paysannerie subit les conséquences néfastes de la politique des dirigeants au pouvoir.

En 2014-2015, le régime a changé le système foncier et a loué à des investisseurs étrangers environ 3 millions d’hectares de terre. Pour un pays essentiellement agricole, cela a été une catastrophe pour une grande partie de la petite paysannerie dépossédée de sa terre. Des capitalistes de Chine, d’Arabie Saoudite et d’ailleurs ont accaparé de vastes terres fertiles pour lancer une production industrielle d’exportation. En même temps de nombreux paysans ont dû quitter leurs terres avec de vagues promesses de compensation de l’État. Ils ont été livrés à leur triste sort sur des petits lopins de terres, sans moyens adéquats pour affronter des périodes de sécheresse.

Par ailleurs, dans sa prétendue politique de développement industriel, l’Éthiopie a commencé la construction de barrages hydroélectriques. Il y a déjà la construction d’une centrale en cours de réa-

lisation sur le Nil. Une autre réalisation (Gibe III) est en cours sur la rivière Omo mais les paysans qui vivent en aval de ce futur barrage gigantesque sont menacés de ne pas avoir suffisamment d’eau pour irriguer leurs parcelles. Malgré cela, le gouvernement a lancé la construction de ce barrage en sacrifiant la population paysanne. La conséquence de cette décision est qu’il suffit d’une sécheresse pour que les populations de la région soient frappées de plein fouet par la famine. C’est ce qui se passe à l’heure actuelle.

D’autre part, depuis plus de vingt ans, il n’y a pas d’État stable en Somalie. Ce pays subit des guerres en permanence. Les populations fuient les zones de combat vers l’Éthiopie et le Kenya. Il n’y a plus de sécurité pour les paysans. Ils ne peuvent plus travailler et mettre de côté pour les périodes difficiles.

Cette catastrophe n’a donc rien de naturel mais découle d’une situation politique et économique où ce sont toujours les pauvres qui en sont les victimes. C’est à cela qu’il faudra mettre fin pour combattre réellement la famine ainsi que bien d’autres fléaux du capitalisme.