L’ancien bourreau revient sur le lieu du crime
Burkina faso
L’ancien dictateur du Burkina Faso, Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire depuis 2014 auprès de son protecteur et ami Ouattara, prépare-t-il son retour à Ouagadougou ? Le nouvel homme de Ouagadougou, le lieutenant colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par le coup d’État du 24 janvier 2022 semble vouloir lui dérouler le tapis rouge pour l’accueillir en grande pompe.
Le 7 juillet dernier l’ex dictateur, affublé du titre de « sage », a été invité à Ouagadougou pour participer à un sommet d’anciens présidents du Burkina Faso au moment où le nouveau pouvoir en place a du mal à faire face à la montée en puissance des bandes armées terroristes. Il a aussi du mal à contenir la colère d’une partie de la population qui montre qu’elle en a marre d’assister à la valse des galonnés et des civils au sommet du pouvoir alors que le sort de la grande majorité ne cesse de se dégrader.
C’est à bord d’un avion affrété par le président ivoirien que Blaise Compaoré a effectué ce voyage éclair pour, dit-il, évoquer « les intérêts supérieurs de la nation » et prodiguer ses précieux conseils au nouveau dictateur burkinabè.
Après ce petit séjour qui lui a permis de tâter le terrain, Blaise Compaoré est revenu à Abidjan, toujours aux petits soins de son ami protecteur Ouattara. Quel sera l’étape suivante ? On verra. Ce qui est sûr c’est que sa petite tournée à Ouaga n’a pas été du goût de tous, à commencer par ceux qui ont vécu et souffert de ses 27 années de dictature féroce. De nombreux opposants politiques, syndicalistes ou journalistes critiques ont été assassinés. C’est avec le soutien de l’impérialisme français qu’il a exercé sa dictature. Son renversement suite à une puissante insurrection populaire a été vécu comme une fête par l’ensemble de la population. Son principal soutien qu’était l’armée l’a lâché et c’est en toute précipitation qu’il s’est enfui vers Abidjan. Ouattara lui a offert un passeport ivoirien et la garantie de ne pas être extradé en cas de demande des autorités burkinabè.
De nombreuses personnes ont été choquées, à juste raison, de voir cet assassin revenir sur le lieu du crime en toute impunité et être reçu avec faste alors qu’il a été condamné en avril 2022, pour l’assassinat de Thomas Sankara. Il a refusé de se présenter devant les juges et ceux-ci ont prononcé une peine de prison à perpétuité à son encontre. Trois mois plus tard, il vient narguer les juges qui l’ont condamné, avec la complicité des nouvelles autorités.
Des associations dont celle des magistrats et des victimes de la dictature de Blaise Compaoré ont réagi et publié un communiqué de protestation dont nous publions un extrait : « Voir un condamné sur qui pèse un mandat d’arrêt à Ouagadougou directement au palais présidentiel, ce n’est ni plus ni moins que l’injure. Une injure envers nous les familles des victimes mais aussi envers la mémoire des personnes assassinées le 15 octobre 1987. La place de Blaise Compaoré est en prison, pas dans les salons feutrés ». On ne peut que partager cette indignation.
En recevant de cette manière cet assassin, les nouveaux galonnés au pouvoir à Ouagadougou ont montré qu’ils ne sont pas différents de leur invité. Cela donne aussi une certaine idée de la nature du président ivoirien qui l’a toujours protégé.