L’hypocrisie et l’impuissance du pouvoir face à la recrudescence de la mendicité infantile

18 octobre 2016

SÉNÉGAL

Le nombre d’enfants mendiants dans les rues de Dakar ne cesse d’augmenter d’année en année. Déjà en 2014, selon une étude officielle commanditée par le gouvernement sénégalais, leur nombre était évalué à environ 30 000, rien que dans la capitale.

Des organisations humanitaires disent qu’aujourd’hui ils sont plus de 50 000. De nombreux habitants de la capitale sont choqués en voyant ces enfants en haillon mendier dans les rues pour obtenir quelques pièces ou de la nourriture. Il y a en effet de quoi être choqué devant autant de misère alors que le gouvernement se vante à longueur de temps, à travers toute une campagne de publicité mensongère, en prétendant que le pays est en passe de devenir « émergent ». La réalité est que la grande majorité des habitants de ce pays s’enfonce dans la misère alors qu’une toute petite minorité de privilégiés accapare les richesses.

Ces enfants talibés sont issus des familles pauvres. Leurs parents n’ayant pas les moyens de les nourrir et les scolariser, les confient à des marabouts. Ces deniers les forcent à parcourir la ville pour mendier. Ceux qui ne rapportent pas d’argent le soir sont punis atrocement. On retrouve parfois un enfant mort des sévices infligés par son marabout. Rien que depuis le début de cette année, cinq enfants sont morts de la sorte sans compter le nombre de ceux qui ont subi des violences sexuelles. Au mois de février dernier, plus d’une dizaine de talibés âgés de 6 à 14 ans ont été découverts les fers aux pieds dans leur école coranique à Diourbel.

Les autorités font semblant de découvrir ces faits une fois que la presse en fait l’écho. Parfois elles donnent l’ordre de fermer une école coranique et d’enfermer le marabout véreux une fois qu’il a été dénoncé par les médias. Mais la plupart du temps, le pouvoir ferme les yeux devant les agissements des dignitaires religieux. Bien au contraire, il cherche leur appui pour empêcher la population de se révolter contre les injustices sociales.

Au début du mois de juillet dernier, le président sénégalais MackySall, a déclaré devant la presse qu’il allait sévir contre les parents qui abandonnent leurs enfants dans la mendicité. Abdoulaye Wade, son prédécesseur, avait aussi proclamé la même chose quand il était au pouvoir, mais ce ne sont pas les parents pauvres qui sont responsables de la misère et ce n’est pas en s’en prenant aux victimes de la misère qu’on mettra fin à celle-ci.

La misère est le résultat du système capitaliste et nos dirigeants au pouvoir sont pieds et poings liés à ce système d’exploitation de l’homme par l’homme. Ils tirent leurs privilèges de ce système. Alors, à défaut de combattre la pauvreté, ils s’en prennent aux pauvres.