Madagascar : la campagne électorale débute dans la morosité et les affrontements entre clans.
La campagne présidentielle a commencé le 09 octobre. Chaque jour ouvrable, des manifestations de contestation de la candidature de Rajoelina le président sortant, ont lieu à Antananarivo.
Un collectif composé de douze candidats dont les chefs de file sont deux anciens présidents (Ravalomanana et Rajaonarimanpianina), s’oppose dans la rue aux conditions de la tenue de l’élection présidentielle. Il conteste la légalité de la candidature de Rajoelina à cause de sa double nationalité (française et malgache) et aussi à cause de la composition de la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) chargée de l’organisation du scrutin. La HCC (Haute Cour Constitutionnelle) fait également partie des organismes dont l’autorité n’est pas reconnue par le collectif.
Depuis ces derniers jours, les partisans de Rajoelina se mobilisent à leur tour et les affrontements entre les deux camps commencent à faire des victimes.
Pendant ce temps Rajoelina multiplie ses déplacements électoraux aux quatre coins du pays. De nombreux maires et élus locaux qui lui sont favorables, font tout pour que les stades et les grandes salles soient remplis. Certains le font par conviction, d’autres par peur de perdre leur poste ainsi que les attributions qui vont avec, telles que les motos qui ont été mises à leur disposition ces dernières années. La mobilisation des foules depuis certains endroits éloignés ainsi que les têtes de zébus et les sacs de riz nécessaires à les pourvoir en aliments, nécessitent des sommes importantes. Les structures étatiques, telles que les préfectures, n’ont pas l’air de faire défaut à la campagne du président candidat.
Les réalisations de prestige telle la construction d’un Colisée à proximité du Palais de la reine, ou celui du téléphérique en cours dans la capitale, font partie des grandes œuvres du mandat du président actuel.
Ce téléphérique va desservir le quartier du stade de Mahamasina, le grand hôtel Carlton et des ministères, puis le quartier où réside le président ainsi que quelques riches et où se trouve le lycée français. Rajoelina s’en glorifie mais cette politique de grandeur et de préférence sociale à l’égard des riches est à juste raison controversée par une partie importante de la population du pays. Celle-ci est victime du chômage, de la précarité, des bas salaires, du manque d’eau dans les pompes et des coupures d’électricité. Les routes nationales ainsi que les ponts sont dans un état déplorable et la prochaine saison des pluies et des cyclones pourrait isoler et sinistrer les populations de régions entières. Les hôpitaux manquent de tout.
Le problème pour les classes possédantes, dans la configuration électorale actuelle, est que les principales cliques en compétition ont déjà gouverné dans un passé récent. Elles sont aussi peu crédibles les unes que les autres. Les gens les ont vues à l’œuvre et leur bilan est peu reluisant. Il y a aussi parmi les prétendants au poste, d’autres notables aux mains pleines, tel que Roland Ratsiraka qui a mangé à tous les râteliers en tant que ministre à plusieurs reprises.
Ce qui fait défaut à Madagascar c’est l’existence d’un parti des travailleurs incarnant les intérêts des masses laborieuses. Un tel parti, s’il gagne la confiance des travailleurs conscients des intérêts de leur classe, peut diriger les luttes ouvrières de demain. Ces luttes victorieuses mettront en place un régime favorable à toute la population pauvre. Cela, quel que soit le vainqueur de cette élection présidentielle sans enjeu pour la majorité pauvre.