Quand le putschiste veut jouer au démocrate

21 avril 2023

Mali

Assimi Goïta, le chef de la junte malienne arrivé au pouvoir par un putsch en août 2020, rêve d’avoir « sa » constitution et s’apprête à la faire adopter par un référendum annoncé pour le 19 mars prochain. Vu le nombre de coups d’État qu’il y a eu dans ce pays depuis l’indépendance et le nombre de fois que la constitution a été changée, la population malienne est habituée à ce genre de cinéma. C’est le tristement célèbre dictateur Moussa Traoré qui a inauguré cette « tradition » en renversant le régime de Modibo Keita en novembre 1968. Il a gouverné le pays par la terreur en éliminant tous ses opposants. Il a fini par être renversé par un autre galonné, Amadou Toumani Touré (ATT) en 1991 à la suite d’un soulèvement populaire dont la répression s’est soldée par au moins 200 morts à Bamako.

ATT fut renversé à son tour en mars 2012 par le capitaine Amadou Sanogo. Celui-ci restera à peine un mois au pouvoir pour laisser la place au civil IBK (Ibrahim Boubakar Keita) appuyé par la France, jusqu’à son renversement par l’actuel junte commandée par Assimi Goïta.

Chacun a voulu mettre sa petite touche à la constitution mais cela ne les a pas protégés. Aujourd’hui, c’est le tour d’Assimi Goïta de jouer au démocrate derrière le paravent de la loi. Si l’envie lui prend de se faire élire président en organisant une élection comme d’autres l’ont fait avant lui en bourrant les urnes et en écartant les gêneurs, il le fera. Il peut même se transformer en civil comme l’a fait ATT, mais il ne trompera pas grand monde avec son cinéma. Sa force, il la détient de l’armée … jusqu’à ce que celle-ci se mette à la remorque d’un autre.