Derrière la mise au pas des journalistes

21 avril 2023

SÉNÉGAL

Le gouvernement sénégalais multiplie les menaces, les intimidations voire les arrestations de journalistes qui ne sont pas de son bord. En l’espace de quelques mois, il a fait arrêter deux journalistes pour « diffusion de fausses nouvelles », « outrage à magistrat » ou « divulgation de documents militaires de nature à nuire à la défense nationale ». La dernière arrestation est celle du chroniqueur judiciaire de Walf TV, le 3 mars dernier. La chaine de télévision privée pour laquelle il travaille a aussi été suspendue durant 7 jours pour avoir montré des images de la répression d’une manifestation qui a eu lieu dans la ville de Mbacké (environ 200 km de Dakar) le vendredi 10 février. Il se trouve que c’était des partisans de l’opposant Ousmane Sonko qui étaient venus à un meeting appelé par celui-ci malgré l’interdiction des autorités administratives.

Comme on peut le constater, Macky Sall est en train de renforcer son arsenal répressif pour mettre au pas les journalistes qui montrent un peu trop leur sympathie pour l’opposition.

En réalité, ce que craint avant tout Macky Sall, ce ne sont pas les opposants qui montent à la tribune, mais la colère qui couve dans les quartiers populaires. La vie des habitants de ces quartiers devient de plus en plus difficile à cause de la dégradation générale de leurs conditions d’existence, du chômage qui monte, des bas salaires, de la hausse de prix des denrées et des loyers, de la détérioration des hôpitaux et de biens d’autres services publics. Cette colère a déjà explosé en mars 2021, suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko. Durant 5 jours, Dakar a été le théâtre d’émeutes et d’affrontements avec la police, il y a eu officiellement 13 morts parmi les manifestants. Plusieurs supermarchés et stations d’essence appartenant à des marques françaises ont été vandalisés en signe de colère contre le soutien de l’État français à Macky Sall.

Des opposants comme Sonko et bien d’autres tentent de s’appuyer sur cette colère, notamment dans la jeunesse, mais en réalité ils n’ont rien d’autre à offrir que des promesses pour être élus. Leurs promesses ne valent pas mieux que celles des candidats qui les ont précédés. Une fois au pouvoir, ils continueront à gouverner comme leurs prédécesseurs, au service des classes possédantes, à commencer par l’enrichissement de leur propre clan.

Le salut des travailleurs, des petits paysans et de tous ceux qui souffrent des conséquences du système capitaliste ne dépend pas de l’élection de tel ou tel candidat mais de leurs luttes contre ce système et contre ceux qui veulent en profiter en se hissant au pouvoir.